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Critique de fanfanouche24


Un achat d'impulsion... fortement influencé toutefois après avoir écouté l'auteure, Chahdortt Djavann, il y a une dizaine de jours à l'émission matinale "Thé ou café" où elle était invitée parallèlement à un autre invité, scientifique et féministe convaincu, Axel Kahn...

Un grand coup de poing avec cette dernière lecture spontanée , au titre des plus frappants !!!
Le premier écrit que je découvre de cette femme, d'origine iranienne, qui a déjà une douzaine de publications à son actif...dont plusieurs où elle décrit , dénonce le radicalisme, les excès islamistes...et les comportements indignes faits aux femmes !
Dévoré cet ouvrage entre roman et documentaire, qui prend "aux tripes"...par son sujet et son style cru et direct... qui épingle avec une force inouïe la tartufferie infinie des intégristes !!

"Je prends mon pied avec vos pères, vos frères, et vos maris. Ca vous choque ? Eh bien, c'est votre problème, bande d'hypocrites ! je ne vends pas mon corps. Je couche en échange d'argent. C'est un métier honnête et les gens en ont pour le fric. (...)
C'est drôle que, dans ce monde de putes où la corruption, le crime et la prostitution de tout genre gangrènent les sociétés, on s'en prenne à nous, ça en dit long sur la régression de notre époque. Ce n'est pas pour rien que , dès que les extrémistes islamistes s'emparent du pouvoir, ils s'en prennent tout de suite au plaisir en général, et au plaisir sexuel en
particulier. Comme les mollahs ici ou les Frères Musulmans en Egypte...
Ils ne supportent pas l'idée que leur mère ait écarté les jambes pour les fabriquer.Remarquez, elles auraient mieux fait de s'abstenir." (p. 79-80)

Il est question à travers ce texte bouleversant, à partir de faits malheureusement réels, de constats essentiels, qui font perdre à une communauté humaine toute dignité et respect envers elle-même: la misère affective, l'ignorance, l'intolérance religieuse , ainsi que le mépris et les maltraitances faites aux petites filles, aux femmes... sans omettre la maintenance sous terreur de toute une population... les premières victimes, et personnes sacrifiées se trouvant toujours être en première ligne les "Femmes".....

Un ouvrage inoubliable dont on ne ressort pas indemne !!
Aussitôt achevé, je me suis précipitée à ma médiathèque emprunter trois
autres livres de cette auteure... et j'ai débuté immédiatement un texte
publié en 2013, chez Fayard, "La dernière séance"...

Un livre des plus dérangeants qui, au-delà de la dénonciation des maltraitances faites par les intégristes et les mollahs aux iraniennes
depuis 1979...met à mal également tous les préjugés, comportements
déviants quant la sexualité est rejetée, transformée en péché, en une "chose" répugnante"... où le Féminin devient "unique objet de
persécution"... et ceci dans trop de pays et d'époques. !!!!..

Je vous demande "excuse" de finir ces impressions de lecture par un extrait abondant qui exprime au plus près ce que l'auteure a voulu transmettre dans ce texte mi-roman , mi-documentaire ..

"D'outre-tombe. Je vais nommer ces prostituées, assassinées dans l'anonymat, leur donner la parole pour qu'elles nous racontent leur histoire, leur vie, leur passé, leurs sentiments, leurs douleurs, leurs doutes, leurs souffrances, leurs révoltes, leurs joies aussi. Certaines ont été assassinées sans que nul ne déclare leur disparition, sans que nul ne réclame leur corps ou pleure leur mort. (...)
Ces femmes parleront avec une Liberté Totale, avec une Liberté Absolue. sans la moindre crainte, puisqu'elles n'ont rien à perdre, puisqu'elles ont déjà tout perdu: leur vie.
Assassinées, pendues ou lapidées. Je vais exhumer ces femmes et les faire exister dans votre imaginaire pour le malheur des ayatollahs, et écrire noir sur blanc qu'elles n'étaient pas des souillures, que leurs vies n'étaient pas condamnables, et que LEUR SANG N'ETAIT PAS SANS VALEUR. Qu'elles méritaient la vie et non pas la mort. Qu'elles n'étaient pas la honte de la société. Qu'elles n'étaient pas des coupables, mais des victimes assassinées. Des femmes mal nées, malmenées, mal loties, des femmes fortes, des femmes fragiles,vulnérables, sans défense, des femmes meurtries. Des écorchées vives d'une société hypocrite, corrompue, et surtout criminelle jusque dans sa pudibonderie.

Une société qui réprime, étouffe, pend, lapide, torture, assassine sous le voile. Je ne chercherai pas à les décrire ni comme des anges, ni comme des putains, ni comme des pures victimes. Mais comme des femmes. des Femmes Etonnantes. Et ce livre sera leur sanctuaire. Leur Mausolée. (p. 63-64)"

© Soazic Boucard- -@ 25 avril 2016
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