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Critique de Fandol


C'est un livre-choc, une plongée dans la vie quotidienne des filles, des femmes, en Iran. Chahdortt Djavann est née dans ce pays, y a grandi et souffert avant d'arriver en France, en 1993, à l'âge de 26 ans. Ce livre est un cri d'alarme et un constat terrifiant.
Mashhad, la ville aux mille visages, est située au nord-est de l'Iran, non loin de l'Afghanistan. C'est aussi une ville sacrée avec le mausolée de l'imam Reza. C'est là que sont découverts plusieurs cadavres de femmes assassinées… des putes, comme les ragots qui circulent, les qualifient. le style direct de l'auteure est percutant, précis, sans concession. Les gens admirent l'assassin et rappellent que l'islam dit qu'il faut éliminer les prostituées comme les femmes impures.
Zahra et Soudabeh sont deux fillettes qui vont à l'école dans cette même ville de Mashhad. La première est voilée dès l'âge de 4 ans, mariée à 12 ans à un homme qui a deux fois et demi son âge. Après sa nuit de noces, elle confie à Soudabeh que « c'était comme enfoncer d'un coup de marteau un clou. Ça fait mal, ça déchire, ça saigne, puis ça pique. » Un peu plus tard, Zahra découvre son corps grâce à un petit miroir cassé. Elle se trouve très belle et se caresse, éprouvant enfin du plaisir… Quant à Soudabeh, elle a fui pour ne pas subir le même sort.
Chahdortt Djavann ne nous épargne rien et décrit la vie de quelques femmes obligées de se prostituer avec des mots crus. L'auteure s'arrête un moment pour expliquer sa démarche pour décrire ce qui se passe en Iran : « Les femmes sont les biens des hommes, de leur famille et elles restent jusqu'à leur mort sous tutelle masculine. » Elle veut que son livre soit un sanctuaire, un Mausolée pour ces femmes qu'on « réprime, étouffe, pend, lapide, torture, assassine sous le voile. »
Elle poursuit avec l'histoire parallèle de Zahra et Soudabeh mais aussi avec d'autres cas de femmes contraintes à la prostitution pour survivre simplement ou élever leurs enfants. On les retrouve étranglées avec leur tchador, pendues ou lapidées après un jugement complété par 180 coups de fouet.
Un commerçant gentil, attentionné pousse Zahra vers le mariage temporaire, le sigheh, « une sorte de CDD sexuel », effectué par un mollah qui n'oublie pas de prendre sa commission et de se servir d'abord. Soudabeh est entraînée dans la prostitution de luxe pour satisfaire les riches Iraniens ou un émir du Golfe ou encore des hommes d'affaires européens.
Hava possède une maîtrise de philosophie et a même préparé une thèse à Berlin sur l'influence du soufisme persan sur le romantisme allemand. Revenue à Téhéran, elle se prostitue comme sa soeur, divorcée, chez qui elle loge. Elle constate que « l'humiliation féminine est devenue générale et nationale dans notre pays, puisque ce sont les lois elles-mêmes qui écrasent les femmes, leur dérobent les droits les plus élémentaires et les définissent comme des sous-hommes. »

Ces pages sont un formidable plaidoyer pour le plaisir, pour les femmes, pour l'humanité, tout simplement.


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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