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Critique de JeanPierreV


Berkane, immigré et travailleur Algérien en France, décide de revenir au pays dans les années 90, et de faire valoir ses droits à une retraite anticipée. Sa pension ne sera pas bien importante, mais lui suffira pour vivre. Il renonce à son quart d'héritage, et en échange, s'installera à l'étage supérieur d'une villa familiale faisant face à la plage.
Un retour au pays dans lequel il devra d'une part, faire face à l'absence de Marise, qui, à la suite d'une rupture douloureuse, est restée en France et, d'autre part, retrouver, parler cette langue enfouie en lui, celle de son enfance.
Une douleur et un désir qui se mêlent
Marise sera dorénavant "l'absente"....Marise qu'il n'oublie pas, régulièrement il lui écrit de longues lettres pour partager avec elle ses souvenirs, ses impressions, longues lettres qu'il nous donne à lire.
Il lui parle de ses projets"Je vais me remettre à écrire ! J'aurai besoin alors de tout mon temps. Tout mon temps, avec la mer à mes pieds! Et le silence" Il n'a toujours pas renoncé à écrire son roman malgré "ses manuscrits refusés successivement par les éditeurs de Paris et même une autre fois, par un éditeur renommé de province".
Mais, avant, il va prendre le temps, le temps de retrouver son Algérie, celle de la langue de son enfance, en rencontrant Rachid, le pêcheur qui lui vend du poisson, qui est né après la guerre d'Indépendance, en parlant avec Nadjia, autre émigrée de retour au pays.
Il va les écouter et leur raconter l'Algérie de son enfance, ses souvenirs depuis les premiers mouvement d'insurrection face à l'armée français en 1952, le premier drapeau algérien qu'il a vu, les punitions à l'école....jusqu'à l'indépendance, les meurtres commis par le FLN, les tortures des soldats français, les camps d'enfermement des fellaghas ...
Une Algérie qu'il a contribué à bâtir, dans laquelle il est devenu aujourd'hui devenu un étranger : "Ils t'ont pris pour un coopérant, un riche touriste"
Il pensait retrouver sa Casbah, riche en couleurs, en sons, en images, celle qu'il nous décrit...mais les images de son enfance sont brouillées, elle est devenue sordide."Il s'est oublié dans ce passé d'images mortes. Depuis son retour, il se dit qu'il vit comme ensommeillé : tout se mêle, et tangue, et fluctue davantage d'ailleurs, le passé lointain, celui de sa première enfance, ou des années à l'école française."
La violence de son enfance, celle de l'émancipation d'un peuple est devenue la violence de l'enfermement, du repli sur soi : de nouveaux mouvements d'insurrection voient le jour, les fous de Dieu sèment la peur, la violence, la mort...prêchent et imposent leur religion, le silence, le vide culturel.
Le titre, le nom de cette auteure que je ne connaissais pas, m'avaient interpellé...J'ai passé de belles heures de voyage dans ces quarante ans de vie de l'Algérie, dans ces quarante ans de relation entre la France et l'Algérie, une Algérie qui tourne de plus en plus le dos à la France, quarante ans au coeur de cette âme algérienne, de ces occasions manquées de part et d'autre de rapprochement de nos peuples, dans cette Algérie qui dorénavant tue ses élites au nom de l'extrémisme religieux.
Un roman qui ne manquera pas d'émouvoir chacun de nous

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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