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Critique de LuizEsc


Sans mauvais jeux de mots, je me suis régalé avec cette anthologie sur le thème : Gastronomie et Exploitation coloniale. L'idée de combiner ces deux thèmes m'a tout de suite intrigué. Qu'est-ce qu'on va bien pouvoir nous mijoter pour parler de luttes, d'engagement, d'injustices à travers… la nourriture ? La marque de fabrique des éditions Oneiroi étant le steampunk, on nous promet des univers à la croisée entre l'histoire du XIXe-XXe et la science-fiction. Tout est possible et le moins qu'on puisse dire, c'est que les auteurices n'ont pas lésiné sur la créativité !

Les Jeux gastronomiques de Paris retranscrivent, sous un vernis de bons sentiments, tout le macabre des puissants humiliant des populations colonisées lors d'expositions universelles. Au début, on peut crisser des dents devant la mascarade presque comique des cuisiniers mis en scènes comme des animaux de cirque ; avant que l'autrice opère un splendide et terrible retournement de situation.

Le Goût de l'humanité — les 4 nouvelles sont formidables, mais coup de coeur pour celle-ci — raconte l'épopée de Hoàng Mai, cuisinière vietnamienne qui cherche un emploi en France. L'histoire est un retale de Sherazade. Je n'en dis pas plus, mais c'est un compte à rebours glaçant et en même temps d'une beauté touchante qui nous fait prendre conscience du vrai « goût de l'humanité ».

Hauts fourneaux : une nouvelle peut-être plus légère, de prime abord, mais qui se révèle d'une profondeur subtile derrière cette course rocambolesque à la recherche du champignon magique. L'auteur mêle le propos anticolonialiste au propos social. Toute la structuration de la nouvelle amène une tension et un sentiment de satisfaction au moment de la résolution.

Un grain dans la machine : le mythe des djinns y est repris à la sauce steampunk. J'ai aimé l'alchimie entre ces deux femmes à la fois proches et éloignées de par leur statut et leurs idées. La prise progressive de conscience d'Aïcha est habile ; la chute ouvre une porte aussi dangereuse que capitale. C'est typiquement le genre d'histoire qui aurait pu déployer encore plus de potentiel dans un format plus long qu'une nouvelle.

En conclusion : une belle découverte (pour moi qui ne suis pas un habitué des anthologies) qui donne envie de s'intéresser aux autres projets de la collection à l'identité bien marquée.
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