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Critique de Shaynning


Un bel album pour la petite enfance sur le thème du deuil et de l'écoute active.

Ce petit garçon en pyjama vit quelque chose de difficile : son magnifique château qu'il a mit coeur et ardeur à construire est complètement détruit. Chaque animal qui le croise y vont de leurs conseils: Si j'étais toi...je serais triste...je me vengerais...je serais en colère...je ne voudrais jamais plus bâtir de châteaux, etc. Quand on regarde ces émotions et ces comportements suggérés, on peut, je pense. parler d'un petit processus de deuil ( qui n'est pas seulement applicable qu'en cas de perte humaine, d'ailleurs) Si la majorité de ces conseils sont bien intentionnés, dans les faits, ils oublient tous une composante essentiel dans le processus de deuil: le "timing", comme disent les anglais. Et sans ce timing, les conseils sont quelque peu "intrusifs". le deuil se vit différemment pour chaque individus. Toutefois, ce qu'ils ont besoin, tous, dans la majorité des cas, c'est de se faire respecter dans ce processus. C'est ce que fait le lapin, dernier animal a croiser la route du petit bonhomme. le lapin pose "la meilleure action": l'écoute.


Quand on observe la séquence qui suit, on réalise que le petit garçon va mettre en pratique presque tous les conseils évoqués plus tôt et va vivre les émotions qu'ils lui conseillaient tous de vivre. La nuance est véritablement dans l'approche du lapin, qui a prit le partie d'être simplement là, à attendre que le garçon soit prêt à vivre ce qu'il a à vivre. Il est réceptif. le lapin, en ce sens , à fait preuve d'empathie et d'écoute active ( il a laissé le garçon s'exprimer sans l'interrompre ou le juger) , les deux grands préceptes de tout bon intervenant(e). Accompagner, c'est être présent, d'attendre que la personne donne le rythme de son processus et ne pas tomber dans les prescriptions ( ces fameux "conseils"). Ce n'est pas compliqué en soit, mais on a tous tendance à tomber dans la prescription, bien souvent parce qu'on veut mobiliser la personne ou parce qu'on ne veut pas voir la personne malheureuse. Mais le temps est le meilleur des alliés et l'écoute, le meilleur des outils. Bien sur, des câlins bien chaleureux sont de merveilleux baumes, comme en témoignent la couverture.


Au final, le petit bonhomme va se montrer résilient et va regagner en confiance et en espoir, de manière à rebâtir son fameux château, avec l'aide du lapin, en plus. J'aime beaucoup cette fin où le projet deviens commun aux deux personnages, parce que le travail d'équipe vaut souvent mieux que de faire cavalier seul. Et c'est plus motivant!


Je souligne aussi la présence des émotions que vit le petit garçon. On peut tout-à-fait vivre des émotions en apparence contradictoires, mais c'est normal. Colère, dépit, tristesse, incompréhension, vide, peuvent se suivre et s'alterner, parfois en boucle, parfois pas toutes. Mais c'est important de faire comprendre aux petits lecteurs ( et même aux plus vieux) que plusieurs émotions accompagnent le deuil ( et même les petits soucis) et il faut, une fois encore, laisser à la personne le temps et l'espace pour les vivre.


Le tout est posé sans fioritures, tout en douceurs, en courbes et en tons pastels, on sent tout le côté cotonneux des dessins. C'est franchement mignon et franchement pertinent. J'aime beaucoup sa sobriété, c'est tout-à-fait de circonstance.

Pour un lectorat Petite enfance, à partir de 4-5, mais demeure pertinent pour les âges suivants.
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