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Critique de MadameTapioca


La douleur de perdre un enfant ne peut pas se mesurer.
Un père peut être capable de tout, juste pour essayer d'éliminer cette douleur.
Et si ce père est Mimì, chef de la Sacra Corona Unita, et si ce fils s'est suicidé, il faut désigner un coupable.
Michele a sauté du 7ème étage, à priori parce que la belle Nicole a refusé son amour.
Il n'y a qu'une seule façon de laver ce sang: la vengeance.
Et Mimì est prêt à sacrifier tout et tout le monde pour venger la mort du fils.
Aveuglé par la douleur, Mimì fait enfermer Nicole dans une maison de campagne, où Veli, victime aussi d'un amour qui ne doit pas être, est retenu depuis des mois maintenant.
Cruelle et impitoyable, l'histoire se dirige vers une fin sanglante, dont même les survivants sortiront anéantis.

Il est assez simple, au début du roman, de comprendre à qui le titre se réfère. Cependant, en lisant le livre jusqu'au bout, on en vient à douter car cette bête a plusieurs tête.
Est-ce Mimi ? parrain d'une mafia locale, bossu sadique, perclus de haine, poussé par des pulsions de violence depuis toujours et aujourd'hui rongé par la perte de son jeune fils Michele.
Ou peut-être est-ce Arianna ? la seule fille qui reste maintenant à Mimi, coupable d'être tombée amoureuse de Veli, même si elle savait que cet amour était maudit, interdit et que cette relation allait ajouter un poison fétide à la colère noire qui a englouti toute la famille Trevi et dont il est désormais impossible d'émerger.
Et si la bête était Nicole ? la belle et séductrice Nicole, trop sûre d'elle, coupable d'avoir refusé l'amour de Michèle, de s'être moqué de lui et donc probablement à l'origine de son suicide.
Mais peut-être que la bête est Veli ? à la fois prisonnier de Mimi et geôlier de Nicole, interprète d'un drame qui ne lui appartient pas, forcé de se transformer pour survivre et forcé d'oublier son amour incestueux.
Et s'il n'y avait pas de bête ? juste des hommes et des femmes qui se comportent bestialement.

Ne vous attendez pas à un roman classique sur la mafia. Andrea Donaera réussi la tâche très difficile d'apporter un regard introspectif sur les organisations criminelles, il parvient à parler d'émotions, à parler du pouvoir et de l'inutilité de ce pouvoir face à la douleur.
Dans un récit aux voix multiples, avec son écriture pleine de répétitions délibérées, l'auteur perturbe son lecteur. Il nous parle d'histoire d'amours contrariés, interrompus. Il mêle la saleté de l'âme et les rêves d'adolescents, la férocité et la candeur, la monstruosité et l'ingénuité. Il raconte avant tout la violence gravée en nous, la violence qui explose.

A relire peut-être dans quelques temps pour mieux saisir toutes les nuances des personnages.

Traduit par Lise Caillat
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