AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de LadyDoubleH


Une Famille passagère est l'histoire d'une femme jamais nommée, qui enlève un bébé. Début septembre 1938 sur la côte anglaise, dans la petite station balnéaire de Margate au parfum suranné. Un landau est laissé sans surveillance, elle s'en empare. Au début on pense à un acte impulsif, mais l'on découvre à mesure de la lecture que cet enlèvement a été prémédité de longue date et d'une manière quasi obsessionnelle. Tandis que les recherches s'organisent, elle s'enfuit dans son Austin Ruby. Cet enfant est dorénavant le sien, il s'appellera Albert. « Je m'occuperai de lui. Il n'y avait aucune différence entre mon amour et leur amour pour lui. L'amour est l'amour. Un enfant prospère, du moment qu'on prend correctement soin de lui. Tout comme l'herbe croît sous n'importe quelle pluie. »

Contemplative et analytique, parfois touchante, « Je l'avais emmené avec moi pour donner quelque chose à aimer à l'amour qui était en moi. », la narratrice est en fait un personnage vraiment déroutant. Elle est étonnamment lisse, comme désincarnée. Il lui manque les aspérités qui pourraient accrocher l'affection. Mais du coup, on n'arrive pas non plus à la détester, même lorsqu'elle est terrifiante de froideur et d'égoïsme clinique. Ce roman en clair-obscur peut être lu à différents niveaux. Derrière le premier degré de fait divers d'un enlèvement par une personnalité dérangée, il y a le conte. Une quête universelle d'avenir, de soi, l'expérience de la maternité, pour exister. Même ancré dans le quotidien, ce texte questionne sans cesse l'être et le sens de la vie. Une Famille passagère est d'une lecture très agréable, sublimée de poésie. « L'aurore courait sur les champs et piégeait la nuit dans les ombres des poteaux télégraphiques et sous les abris au bord de la route. » « En présence d'Albert, toutes les tâches, toutes les ombres en moi disparaissaient. Telle une éponge, il effaçait toutes mes erreurs. ». Ce roman (mon deuxième irlandais de la rentrée littéraire) n'est pas commun. Une découverte intéressante.
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}