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Critique de Ascyltus


Sans doute faut-il être canadien, avoir connu l'immensité silvestre pour pleinement comprendre cette poésie, me suis-je dit souvent. Car elle n'a suscité souvent que mon indifférence, en dépit de qualités certaines.
Malgré des expressions assez jolies, j'ai l'impression d'avoir parfois lu des banalités assez navrantes (« le feu / qu'on entend venir / on dirait une bête / prête à tout dévorer »). Dorion décrit avec grâce certains aspects d'un arbre, mais a peu suscité mon imagination, ne m'a pas beaucoup fait sentir la masse, l'épaisseur des forêts. Pour la comparer à un autre auteur au programme au baccalauréat, Ponge dans La Rage de l'expression a selon moi mieux su décrire l'impression que donne une promenade dans une pinède.

La première partie du recueil, composée de poèmes très courts, qui présente la forêt dans son éternité, est faible. Les sections suivantes sont plus intéressantes, qui décrivent notamment le saccage de la nature : la poétesse parvient à nous communiquer une sourde angoisse, la conscience d'un point de non-retour, un sentiment d'impuissance. C'est même intéressant de voir comment cette poésie contemporaine sort du rôle traditionnel – célébrer les beautés de la nature – pour prendre à bras-le-corps les problèmes actuels. Là aussi, la dénonciation des écrans et des réseaux sociaux verse parfois dans la facilité, mais j'ai trouvé intéressante la façon dont elle oppose aux « écrans » (qui font écran, cachent plus qu'ils ne font voir) une perception directe, beaucoup plus sensible de la nature. Il y a donc une vraie réflexion sur notre rapport à la nature en péril, sans didactisme.

Enfin, le recueil finit par une belle cosmogonie, ainsi qu'une belle histoire de l'humanité, qui prennent en compte la violence faite aux Premières nations, comme on dit au Canada, à travers notamment la mise à mal de leur rapport spirituel à la nature, l'homme ne recherchant plus l'harmonie avec celle-ci, mais sa domination. Là aussi, Hélène Dorion nous fait entendre une autre voix.
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