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Critique de ElGatoMalo


Une excellent surprise. Captivant d'un bout à l'autre. Une fois commencée l'histoire ne m'a plus lâché. Elle coule avec beaucoup de fluidité et d'efficacité. Les différents moments de l'intrigue s'enchainent avec un rythme soutenu. de l'humour, de l'action et des personnages bien "caractérisés" (plusieurs pages montrent les recherches dans le cahier technique en fin de volume) dont les réactions sont parfaitement ajustées à leur type humain, lient l'ensemble sans temps mort - un comble quand on pense à l'époque qui en est le décor. le thème principal du scénario repose sur des faits de guerre qui restent un peu obscur quand on n'est pas un spécialiste de la Grande Guerre, celle de 14-18. La préparation de la bataille du Chemin des Dames - ou ses suites -, honnêtement, ça ne fait pas partie de mes principales préoccupations historiques. En dehors des Sentiers de la Gloire et des Croix de Bois - le film -, des aventures de Brindavoine - époque Pilote - et d'un Long Dimanche de Fiançailles, ma culture guerrière est assez limitée mais j'ai retrouvé dans cette bande dessinée un peu de l'ambiance de toutes ces références. Soit dans la narration, soit dans la transparence et les superpositions de couleurs qui donnent aux pages un effet "aquarellé" et les baignent dans une lumière particulière qui ressemble beaucoup à celle du film de jean-Pierre Jeunet. La bande dessinée tout entière repose sur ce traitement très spécial de la couleur qui donne le ton à chaque planche. Je me demande si les auteurs n'ont pas cherché à restituer les qualités (ou défauts) des cartes postales chromos de la belle époque. On utilisait en ce temps-là de la trichromie pour imprimer les images en couleurs. le noir était obtenu par superposition des trois primaires et ce noir trichrome donnait aux dessins et aux photos une irisation et une chaleur inimitables depuis qu'on est passé en quadrichromie où un noir pur est séparé puis ajouté au dessus des trois couleurs de base.

La couleur, encore, définit les limites de chaque case. Cette absence de cadre gras et noir donne à l'ensemble une grande légèreté alors que la nature des faits racontés pourrait, au contraire, apparaître pesante : le quotidien malodorant des tranchées, la violence inouïe des assauts, l'arrogance des officiers et leur meurtre par des hommes de troupe excédés par un manque total d'humanité alors qu'ils se donnent corps et âme pour la patrie, les profiteurs de guerre qui s'engraissent à l'arrière. L'idée que ça pourrait être traité avec un peu trop de légèreté justement, m'a traversé l'esprit. Mais à peine traversé car, finalement, tout cela est très dense et très enlevé en même temps comme les meilleurs mangas que j'ai pu lire ces derniers temps.

Ceci dit, c'est bien trop viril et ça manque cruellement de femme ! Dites, les auteurs, où est-ce que vous avez planqué la Madelon, Hein ? Comment ça "c'est pas le sujet" ?
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