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Critique de Itenarasa


Cauchemar en cuisine

Les Macand, famille bobo catho, arrivent en Toscane pour les vacances estivales. Madec, le second de la fratrie vit sa vie et ses jeux en aparté comme d'habitude. Une première alerte à la piscine et on manque de peu le drame. Plus tard, les garçons endormis, les parents fêtent l'arrivée de leurs amis français au restaurant, loin de s'imaginer que le pire est arrivé.

Voilà tout à fait le genre de roman qui me laisse perplexe. Je l'ai refermé sans qu'il n'ait réussi à provoquer en moi de sentiments définis. D'habitude, souvent, à 99,9%, ma lecture se termine et une émotion se dégage. Là, rien de particulier. En lieu et place de l'émotion, un vide. Je m'interroge.
Qu'est-ce qui fait que ce livre me laisse creuse?

L'histoire? Celle-ci, inspirée d'un fait divers revu à la sauce Arthur Dreyfus, a pourtant de quoi faire réagir par tout ce qu'elle aborde : place de l'enfant dans la fratrie, la différence, les parents, leur rapport aux enfants, le couple, drame familial, réhabilitation des pédophiles, instrumentalisation des médias, récupération médiatique et politique, arnaque, mensonge, dérives d'enquête, dérive tout court et j'en passe et des meilleurs...

Les personnages?
Commençons par Madec. Ce p'tit bonhomme on se prend rapidement à l'aimer, à s'intéresser à lui. Lui qui semble être tellement particulier, distinct de ses frères à la fois physiquement et psychologiquement. Lui qui ne semble pas recevoir le même traitement affectif. Lui à qui l'auteur prête à 7 ans des pensées bien profondes.
Alors quoi, est-ce parce que cet attachement naissant est tué dans l'oeuf?

Et la mère? Dont je ne parviens même pas à me souvenir du prénom. Ça c'est un signe parlant de mon détachement. Si froide, si à priori maîtresse d'elle-même et de son mari. Elle qui ne faiblit en aucune circonstance. Toutes les mères sont-elles ainsi quand il s'agit de tenir bon? Faut-il la juger pour ce qu'elle a fait, continue de taire, pour ses réactions, pour ce qu'elle pense et dit de son mari, de ses enfants, de Madec. Ses enfants, Madec. La différence de traitement... Il y a ses enfants et Madec. Madame Macan m'a donné le sentiment d'avoir activé à un moment donné le pilotage automatique et de ne plus avoir à partir de là était apte à répondre de ses actes. Comme si les choses s'enchaînant, elle s'était laissé porter par les évènements. Advienne que pourra. Mais voilà, cette femme a soulevé plus de questions que d'émotions en définitive.

Le père, Stéphane Macan. Terriblement effacé, on sent qu'il a du coeur mais jamais il ne parvient à imposer son image. Homme dépassé, au moins de plusieurs têtes par sa femme. Quelques soubresauts d'orgueil mâle et il retournera sagement dans l'ombre de celle-ci, incapable au final de lui tenir tête. A lui seul il pourrait justifier ce "tous les hommes sont des lâches"...

Ensuite, il y a les figures secondaires du roman. Je me suis fait la réflexion qu'elles avaient fini par prendre plus de place que les principales, reléguant peut-être l'horreur de la réaction au second plan. Celle-là même qui devrait nous révolter durant toute notre lecture mais qui a perdu de son ampleur.

Tony, le tonton de Madec. En voilà un qui dans l'affaire n'a pas perdu le nord. Difficile de comprendre ses vraies motivations dans l'affaire. Intérêt pécuniaire, soif de reconnaissance médiatique, véritable attachement à? Difficile de croire que ses intentions sont honnêtes derrière la débauche d'énergie... Mais qui sait vraiment?

Je passe sur l'inspecteur Andreotti, pas si con, à deux doigts même de résoudre l'énigme, mais qui se laisse embarquer par d'autres considérations plus personnelles et intimes loin de l'affaire. de toute façon, son enquête ne pouvait que lui échapper dès lors qu'il y eut ingérence française. A noter d'ailleurs que cette enquête restera selon moi toujours en marge des réactions qu'elle amène...

Bizarrement, un personnage que je n'ai pas trouvé antipathique, alors que l'on pourrait s'attendre à ce que oui, c'est Ron. Je passe sur son passé condamnable (on va pas refaire le jugement) mais là, l'auteur le pose bien en victime du système. Coupable tout désigné par son passé, la double peine qu'il subit à distance des actes qui lui ont déjà valu d'être jugé donne forcément à réfléchir et révolte tout de même. Plus même que ce qui se déroule en vrai à côté. Dérangeant non?

Et l'écriture alors?
Ma foi, elle est bonne. Il a du style l'auteur c'est indéniable. le roman se lit sans heurts, on glisse sur les pages et elles se tournent rapidement. Avec peut-être cette soif de qui veut connaître le fin mot de l'histoire. Tombera, tombera pas? Explosion de la vérité ou pas? Coupable ou pas?
Arthur Dreyfus est jeune mais son roman ne manque pas de piquants et ce n'est pas sans ironie et parfois dérision qu'il malmène l'Homme, les médias, les politiques et nos "bonnes" consciences. "Toute ressemblance avec des personnes existants ou ayant existé serait PUREMENT fortuite!" A d'autres oui :) Les allusions sont plus qu'explicites...
Après, je dois dire que j'ai parfois achoppé sur quelques passages qui, comme un tic compulsif de l'auteur, pointaient sur le sexe masculin et notamment celui enfantin. Quand en rapport avec l'histoire de certains personnages, rien à redire, on comprend pourquoi. Mais cette intrusion phallique ne m'a pas paru toujours bien justifiée dans le récit et même parfois malsaine. Au final, je l'ai plus perçu comme un leitmotiv obsessionnel (dérangeant) qui m'a fait m'interroger sur la capacité de l'auteur à se détacher d'un pénis en érection.

En somme, un roman que j'ai lu rapidement mais avec plus de détachement qu'il n'en faudrait face à un tel drame humain. Impossible de vous dire à quoi vraiment cela a tenu. Il n'est pas mauvais et il mérite sans doute de s'intéresser au devenir de ce jeune auteur.
Lien : http://quel-bookan.hautetfor..
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