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Critique de Bouvy


Je commencerai cette critique en remerciant Babelio et Audible Original pour m'avoir confié cet ouvrage dans le cadre d'une opération masse critique.

Un intervieweur muet qui laisse s'exprimer six trentenaires sur leur vie en abordant des thèmes aussi complexes que la famille, la religion, le sexe et l'amour, la politique… Trois femmes et trois hommes d'horizons différents. Sonia, idéaliste naïve, Samir, d'origine maghrébine, auto entrepreneur car chauffeur de taxi indépendant, Mikaël, qui a déjà brûlé sa vie par les deux bouts de la chandelle, Claire, d'extraction bourgeoise et enfermée dans ce monde coincé et Sibylle qui a déjà tout vu et tout vécu au travers de ses livres et qui est professeure de littérature à La Sorbonne. Tous se livrent en fonction d'un thème qui est annoncé par un générique musical.

Qu'en penser ? Est-ce ma première expérience de livre audio ? J'ai envie de répondre oui et non ! Pourquoi cette réponse indécise ? Enfant, il y a déjà plus de quarante, quarante-cinq ans, mon parrain m'avait offert « La Chèvre de Monsieur Seguin » lu par Fernandel. Bien sûr, ce n'était pas à proprement parlé un livre numérique, le numérique n'était pas encore né ou alors, il n'était pas à la portée de tous. C'était un quarante-cinq tour, un disque avec des microsillons et lu sur une platine. Mais je pense que je peux tout de même le classer livre audio, non ? Ensuite, je me rappelle du temps heureux où mes filles, ne sachant pas encore lire, m'écoutaient conter les histoires que je leur lisais. Je jouais les personnages, je m'en régalais et sans le savoir, pour elle, je me transformais en livre audio. Je me rappelle de Romane, à qui je lisais les Monsieur et Madame, de Roger Hargreaves, qui me disait « Pas Monsieur Bruit », papa, il crie trop fort, celui-là. Elle invitait parfois ses cousins et cousines ou ses amis et amies car elle appréciait vraiment ces moments de lecture. Tous les enfants invités aussi d'ailleurs. N'est-ce pas aussi une expérience de livre audio ? Mais trêve de tergiversations, plongeons nous dans une vraie critique.

Je commencerai par le fond : on sent que c'est extrêmement scénarisé et que les dialogues manquent cruellement de naturel. Parfois, il y a des choses intéressantes mais c'est souvent cliché. La prof d'université qui connait tout parce qu'elle pense avoir tout lu mais qui n'a rien goûté de la vie, qui semble tellement blasée qu'on pourrait croire qu'elle a déjà eu cinquante fois trente ans. Elle se vante que l'amour n'existe pas jusqu'à ce rendre compte que son amant, Samir, qui n'a rien d'un intellectuel mais qui semble un bon coup est aussi dans les interviewés, se rétracte quelque peu sur ses dires. La vie en théorie c'est certainement très bien mais si elle nous racontait sa vraie vie, peut-être que tout intello qu'elle est atteint à peine la médiocrité. Et l'avocate, qui nous parle si bien de l'amour et qui plaque don mari sur un coup de tête. Et le coup du hasard au moment où elle nous parle de sa famille et que son père passe de la vie au trépas. Là, elle surjoue la tristesse à tel point qu'elle en perd toute sincérité. Que dire de Samir, amant de la prof d'unif, qui sort de la banlieue et de ses ZUP et qui est tout fier de sa réussite comme taxi indépendant et aussi de se taper une meuf qui a un appart plein de bouquins et est hautement intellectuelle. Bon, il reste fier et ne renie pas ses origines mais il est le seul à revenir tout le temps avec sa religion. C'est un peu cliché, surtout dans cette époque de radicalisation. Le gars qui tente d'être comédien et qui doute toujours de lui-même m'a semblé être le plus sincère et sympathique, contrairement au gars qui a monté son entreprise de pompe funèbre et qui ne travaille presque plus car il a des employés et ça lui permet de jouir de la vie vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Moi qui suis artisans indépendant et qui emplois des personnes, je peux vous affirmer que, quand mon personnel se repose, je suis toujours en train de travailler. Mais bon, je suis ferronnier d'art, pas croque-mort, c'est peut-être moins rentable ? Il nous reste la gauchiste dégoûtée de la gauche, idéaliste engagée mais pas trop et plutôt naïve. Bref, je ne suis pas convaincu, même si parfois, il y a des réflexions intéressantes, que ces six personnes sont bien représentatives des trentenaires. Je devrais filer ce livre audio à ma fille aînée qui vient de fêter ses trente ans pour savoir si elle se retrouve dans cet ouvrage.

La forme, le livre audio. C'est, malgré la chèvre (voir plus haut), une vraie première expérience. Je ne pense pas que ce type de média soit adapté pour ma façon de vivre et de lire ou d'écouter. Presque six heures, à entendre des monologues , parfois des dialogues, comme si c'était une émission de radio genre micro trottoir, c'est long, très long, trop long. J'ai un cerveau masculin, qui, contrairement aux cerveaux féminins, a du mal d'être concentré sur deux choses en même temps Alors, écouter un livre audio en ne faisant rien d'autre, mission impossible. Dans la voiture, en roulant ? Je sais d'avance que je ne retiendrai rien de ce qui se dira. En regardant des images à la télévision ou des diaporamas ? Pas possible non plus. Au lit, avant de dormir ? Je n'y crois pas plus. Alors, j'ai choisi de lancer le livre audio sur mon téléphone, au bureau, tout en travaillant. Écoutant d'une oreille distraite et faisant parfois une pause boulot car une phrase m'interpellait. Au final, je reste mitigé, tant sur le fond que sur la forme et sur le média livre audio. Je pense que tant que mes yeux voient assez pour lire, je préférerai la lecture à l'écoute. D'autant plus, que quand je lis, je fais ma propre interprétation alors qu'ici, ce sont les comédiens qui jouent le texte avec leur propre interprétation et là, franchement, j'ai du mal à apprécier. Enfin, pour un faux reportage, il faut quand même que j'avoue que ce n'est pas mal écrit. Peut-être une future expérience livre audio si je reçoit encore une invitation de masse critique. Il ne faut jamais juger sur une première expérience.
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