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Critique de Sarindar


La valse a-t-elle trop duré ? Régné trop longtemps ? Un peu - beaucoup... trop... de plaisir dans l'ivresse d'une Vienne qui se mentait à elle-même : la Sécession n'allait pas tarder à mettre fin à cette fête permanente, faite d'illusions, de faux-semblants, et faire craquer ce moule juste avant le cataclysme de 1914 ; et pourtant, la défaite de Sadowa aurait dû constituer une alerte. Mais les Viennois regardaient ailleurs. Ils pensaient que les réjouissances et festivités - "les plaisirs et les jours" dureraient toujours.
Aujourd'hui, on regarde tout cela avec plus qu'un brin de nostalgie, et les airs de valse résonnent à nos oreilles comme des souvenirs évanouis, et elle revient la Belle danseuse au bois dormant pour un éphémère Concert du Nouvel An censé inaugurer une année de bonheur et de prospérité, alors que le monde tout autour bouge, craque et devient de plus en plus menaçant. Tout comme sous les Strauss, Vienne retient l'attention pendant un moment.
Puis, tout nous revient, dès le lendemain, et la dure réalité.
Alors, entrons dans la danse, et oublions ce qui ne va pas, pour nous enivrer de belle musique et de bon vin en nous imaginant pénétrer dans la salle du Musikverein.

J'aime beaucoup moi aussi ce bel air de fête, et je m'y abandonne, comme tout un chacun. Et rituellement, je communie lors de cette grand' messe qui nous réunit nombreux, pour ne pas dire tous, autour du petit écran qui, avec le temps, devient bien plus grand. Alors que préférez-vous : le Beau Danube qui n'est pas très bleu, la Marche de Radetzky, la si jolie valse de l'Empereur, ou quelle autre encore, toutes, c'est vrai, nous entraînant, toutes nous appelant à virevolter enlacés corps à corps dans le bal le mieux costumé au monde.

Les Strauss père et fils, avec et après Lanner, ont fait danser tout Vienne et tout le (beau) monde, tout le "gratin" mondain et international a adopté la valse, devenue symbole et synonyme de fête sur tous les continents.
Le père a réussi, y compris à cocufier sa femme, et à faire de nombreux enfants aussi bien avec sa maîtresse qu'avec son épouse. Si l'on gratte un peu le vernis, apparaît bientôt une réalité dérangeante. Mais la légende perdure, elle est tenace, car l'oeuvre des Strauss est sans doute plus belle que leur vie. le fils, poussé par sa première compagne Henrietta, composera La Chauve-Souris, puis se remariera très vite après la disparition de son épouse, mais, malheureux comme les pierres, et empêché par l'Église catholique de divorcer pour pouvoir convoler en troisièmes noces avec Adèle, il passera au protestantisme.
La musique des Strauss demeure et elle accomplit le miracle d'avoir réuni dans une même vénération Johannes Brahms et Richard Wagner, dont les partisans respectifs se déchiraient par ailleurs à belles dents. Qui n'aime pas la valse ? Impossible d'échapper à tant de beauté légère et à tant de grâce.
Champagne !
Et bravo à Alain Duault pour ce très beau livre.
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