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Critique de jamiK


Je publie mes avis sur les deux livres Citéville et Citéruine sur chacune des deux fiches livres, car ça serait bien dommage de les dissocier.


Citéruine :


Voici une étrange expérience de lecture. Comme vous pouvez le constater, il n'y a aucun personnage sur la couverture, juste quelques éléments d'architecture froids et schématiques d'une ville qui semble déserte. Quand j'ouvre le livre, la ville est effectivement totalement déserte, comme abandonnée, la population a disparu, l'architecture commence à s'abimer, mais il n'y a pas d'invasion de faune et de flore, une ruine aseptisée, sans la moindre trace de vie, usée, mais toujours aussi artificielle. le trait est schématique, raide, en noir et blanc, fait de trames grossières mais régulières, avec quelques petites pétouilles qui sont les seules straces d'un quelconque usage, le dessin s'éternise sur ces détails, on découvre une double page sur un coin de tapisserie qui se décolle, une autre double page sur un carreau brisé, certains zoom amène des vignettes totalement abstraites, et on tourne les page inexorablement sur un paysage urbain totalement déshumanisé, glaçant. Cette déshumanisation est le sujet même du livre, une prouesse expérimentale, mais à l'image de l'Art Minimaliste, un minimum d'éléments, pas de narration, pour une impression oppressante et très forte, radicale et désincarnée.
J'ai emprunté un autre roman graphique de Jérôme Dubois que j'ouvre dans la foulée, Citéville, et là, c'est le choc…


Citéville :


J'ouvre la page de garde, et les chapitres portent exactement le même nom que dans Citéruine, même nombre de pages, et première page identique ! Qu'est-ce que c'est que ce truc ! Et quelques personnages font leur apparition… Les décors, les plans, les angles de vues sont exactement les mêmes que dans Citéruine, page par page, vignette par vignette, sauf que la ville n'est pas abîmée, tout est presque neuf, mais ce n'est plus désert. Les personnages ont des visages morbides, le noir et blanc est plus opressant encore avec ces personnages qui semblent sans âme, perdu dans leur ville. Paradoxalement, le processus de déshumanisation s'amplifie alors que les personnages sont présents. Jérôme Dubois nous décrit une société étrange, qui semble fonctionner à l'envers, on adopte les enfants comme dans des forums de Pôle Emploi ou on les achète en supermarché, et on se débarrasse des vieux sans le moindre sentiment, tout est jetable, jusqu'aux enfants, tu n'est plus rien si ton portable est déchargé, leurs dialogues sont creux, la déshumanisation devient glaçante. le trait froid et schématique renforce le malaise, c'est lisse d'un côté, et la lecture nous laisse un goût très âpre. On repense alors à la lecture précédente, Citéruine, terrible et pessimiste, et pourtant presque salvateur, façon “L'humanité disparaîtra, bon débarras !”


Citéruine & Citéville :


Les deux livres sont distincts, je ne sais pas si en lisant dans l'ordre inverse de ce que j'ai fait il aurait le même impact, mais surtout, ils nous offrent une expérience de lecture innovante, forte et troublante, mais il faut lire les deux à la suite pour en décupler l'impact. Ce diptyque est une dystopie terrible, avec presque pas d'histoire, il fait un effet rude et marquant.
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