AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Brooklyn_by_the_sea


Que voilà un roman furieux et intelligent comme je les aime ! Je remercie vivement BABELIO et les Editions Weyrich pour cet envoi.

Itinéraire d'un salaud : Léon Bourdouxhe, 85 ans, raconte sa vie hors du commun, de la seconde guerre mondiale (pendant laquelle son père, boucher, s'enrichit grâce au marché noir) aux tueries du Brabant, en passant par la légion étrangère, la guerre d'Algérie, la décolonisation du Congo belge, et les multiples coups d'état militaires en Amérique du Sud. Car Léon Bourdouxhe, grandi à l'ombre de la FN d'Herstal (usine d'armement belge) et des églises, aime l'ordre, et il oeuvre avec application à "la préservation des valeurs spirituelles de la civilisation occidentale et chrétienne". Pas étonnant, donc, qu'il ait si peu d'états d'âme à éradiquer les communistes.
J'ai adoré cette histoire, la façon dont André-Joseph Dubois entremêle sur 35 années les noms et événements réels avec sa fiction. On croise Julien Lahaut, Maurice Audin, Patrice Lumumba, Che Guevara, Carlos Prats ; on en découvre plus sur les circonstances de leur mort ( ! ). On entre dans les arcanes des services secrets et de sécurité, que ce soit au G.R.E. à Alger, ou à l'Ecole des Amériques au Panama où enseignent des professionnels aussi réputés qu'Aussaresses.
Et tout s'imbrique parfaitement pendant ces 500 pages, qui ne sont jamais lourdes ni ennuyeuses, tant l'auteur insuffle légèreté et ironie dans son récit. J'ai même trouvé un côté célinien dans cette épopée, avec un personnage secondaire qui apparaît et disparaît sporadiquement, à l'instar du Léon Robinson du "Voyage" (d'ailleurs, l'auteur glisse une allusion à ce roman). En outre, le style est élégant et plaisant.
Mais ce qui m'a le plus fascinée, c'est que Dubois ne fait jamais de son personnage un monstre : malgré ses innombrables exactions, il reste un homme, jusqu'à sa façon de n'avoir aucun regret : "Aux droits de l'homme, ces lampions de la modernité, nous préférions des hommes droits." Un zéro plutôt qu'un héros, mais avant tout un homme.
Je ne peux donc qu'encourager les amateurs d'Histoire, d'aventure, et de littérature de qualité, à se précipiter sur ce roman, pépite de finesse, d'érudition et de drôlerie.
Commenter  J’apprécie          3011



Ont apprécié cette critique (26)voir plus




{* *}