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Critique de Kirzy


°°° Rentrée littéraire 2019 #31 °°°

C'est l'histoire d'une vie, celle de Paul Hansen, emprisonné à Montréal, qui déroule ses souvenirs des années 1950 aux années 2000, du Toulouse de sa mère au Jutland natal de son père danois, en passant par le Canada algonquin de la femme de sa vie.

Ceux qui suivent et aiment Jean-Paul Dubois aimeront ce roman, c'est mon cas ; les autres découvriront un univers humain et touchant, des personnages pittoresques, des phrases ciselées et profondes.

Le monde de Dubois est tragique, violent, la vie y est injuste ( décès prématurés, les 6m² d'une cellule, la solitude ) mais le burlesque n'est jamais loin. On sourit beaucoup en découvrant la formidable ronde des personnages qui entourent Paul : son père pasteur qui perd la foi, sa mère soixante-huitarde qui se bat pour que Gorge profonde soit diffusé dans son petit cinéma d'art et d'essai, son épouse Wimona qui pilote un aéroplane. Et surtout, le truculent Horton, son compagnon de cellule, Hells Angel incarcéré pour meurtre, un homme et demi qui tombe dans les pommes lorsqu'on tente de lui couper les cheveux.

L'humour comme antidote à la dureté de la vie, la tendresse humaine aussi. Durant 20 ans, Paul a été surintendant d'une résidence, homme à tout faire, gardien d'immeuble, un travail qui laisse peu de temps mais qu'il a pratiqué avec bienveillance, dans le respect des autres, toujours prêt à aimer les âmes seules, à aider les mamies en détresse.

Jusqu'au jour où tout bascule. Jean-Paul Dubois dévoile assez tard dans le récit les raisons de l'incarcération de Paul. C'est là que le roman bascule aussi dans une ambiance très mélancolique qu'on a lu monter crescendo. C'est là que le roman prend une ampleur presque philosophique. Cet immeuble devient la métaphore de notre monde actuel. Il ne faut pas grand-chose, juste l'arrivée d'un gestionnaire manipulateur et autoritaire, pour que la douceur de vivre en communauté disparaisse, remplacée par un monde arbitraire, bureaucratique, quasi totalitaire.

Paul n'est pas de ce monde-là. Il ne le sera jamais. L'auteur compose ainsi un magnifique portrait qui exalte l'aspiration à la liberté, qui sublime le refus de se soumettre à autre chose qu'une éthique personnelle fait de droiture. Paul est seul mais digne. Il trouve la consolation dans un dialogue très vivace avec les fantômes de son passé qu'il convoque le plus qu'il peut.

Ce livre fait du bien et rassure dans le flot des désillusions. Il est pourtant fort mélancolique et narre l'histoire d'une chute, mais ce qu'on retient, c'est la bienveillance humaniste, la tendresse humaine dont fait montre Jean-Paul Dubois à l'égard de ses personnages. Il m'a fait du bien, souvent rire ... même si je lui préfère l'indépassable Une Vie française. Merci Monsieur Dubois.
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