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Critique de Deleatur


Ce devait être une lecture de vacances, l'été dernier. Mais lorsqu'on m'a fait remarquer que même en bermuda à fleurs je demeurais un indécrottable prof d'histoire, je me suis vu sous les traits du héros des excellentes BD de Fabrice Erre. Un peu vexé, j'ai donc laissé le livre de côté, jusqu'à ce début d'année.
Pour être honnête, j'avais déjà un a priori plutôt circonspect, lié à l'objet lui-même. C'est sans doute très bête mais je reste attaché à la présentation d'un livre, sa mise en page, la police, etc. Or il faut bien admettre que la maquette de l'édition grand format ne ressemble pas à grand chose. Pour tout dire, plutôt qu'un « vrai » livre, la chose évoque davantage un mémoire de master reprographié vite fait chez Copytop. Je ne me plains pas : j'ai pu au moins échapper à la couverture hideuse de la version poche, celle qui est reproduite ici.
Je continue de penser qu'un tel ouvrage pouvait être une bonne idée : la fin d'un dictateur interprétée comme le révélateur d'un régime et le « paroxysme de sa légende » ainsi que l'écrit Christian Makarian dans la préface. C'était un pari osé et difficile à tenir, mais qui pouvait aussi se révéler très stimulant. Les auteurs ont sans doute eu la même intuition, et la même préface évoque d'ailleurs un « ouvrage sans précédent [qui] fera date »... Ces belles intentions, malheureusement, ne dépassent pas le propos liminaire, et on cherche ensuite en vain l'analyse et les problématiques qui pouvaient faire de ce livre un sujet : le culte de la personnalité, la dramaturgie du pouvoir, la brutalité comme instrument, la vengeance collective comme catharsis, et ainsi de suite... Il n'y a rien d'autre qu'une galerie de despotes, pris les uns après les autres et sagement classés dans l'ordre chronologique de leur décès, ce qui constitue rigoureusement la seule tentative d'organisation du texte...
Il faut reconnaître que certains portraits sont fort bien troussés et que leurs auteurs ont su saisir l'essence de leur sujet en peu de pages : Papa Doc, Mao, Boumediene, Idi Amin Dada, et quelques autres encore. Ce sont incontestablement des textes intéressants et possédant un style. D'autres, cependant, sont péniblement laborieux, d'une navrante platitude, et qui plus est sans le moindre talent pour la chute, ce qui est quand même un comble avec un tel sujet.
Au bout du compte, je n'en garderai guère plus qu'un recueil de ces anecdotes morbides et/ou grotesques dont mes élèves sont toujours friands. Mais avais-je sincèrement un autre but que celui-là quand je me proposais d'emmener ce livre à la plage ?
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