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Critique de Marisa21


C'est un roman sur Jean-Michel Basquiat, dont la vie fut courte et la carrière fulgurante. 1960-1988. le temps de peindre des tableaux étranges, jamais vus jusqu'alors, vite remarqués, vite connus, vite acclamés, vite vendus, très cher.
La révolte toujours, dès l'enfance. Après les graffitis sur les murs de la ville, les tableaux qui provoquent étonnement, vague dégoût, fascination. Des gribouillages, qui mêlent dessins d'enfants et bouts de phrase ? Voire, c'est de l'art aussi, grimaçant, anatomique, haché, s'inspirant des plus grands peintres. Sur fond « d'une ville en ruines qui secrète rois et démons ». La violence partout, celle des quartiers pauvres, du racisme, de la famille, des relations éphémères.
Le marché lui tombe dessus, « le fric pleut », le tout New-York se presse pour admirer la star ! Il peint, il vend, il leur en donne de l'artiste maudit. Noir en plus, le révolté insaisissable. Parfait pour l'image, Un produit, Jay-Basquiat ? Bouffé par le milieu de l'art mais le dévorant aussi.
Et les drogues, toujours. L'héroïne et la cocaïne surtout, qui raccrochent à la vie et coupent des autres en même temps : « C'est avec elle qu'il est parvenu à concilier son envie de vivre (intensément) et de mourir dans le même temps. Elle agrandit, elle fore. Elle lui permet d'accroitre sa puissance, d'aller vite – de travailler seize heures d'affilée ». Mais on se lasse vite de Jay, surtout ses compagnes, qui jettent l'éponge les unes après les autres. Les amis aussi, qui changent vite, sauf Andy Warhol, dont la mort annonce la sienne. Peu à peu la maladie, la folie, plus personne, le vent tourne, d'autres artistes arrivent, « le génie consume ». Portrait d'un artiste qui vécut sa vie comme une flèche qui atteint son but à la fin des années 1980. A-t-il subi ? A-t-il choisi ? Un peu tout à la fois sans doute, il a lui-même tracé son chemin, les appels au secours c'était pas son genre. le bonheur dans la frénésie ?

Pierre Ducrozet conte cette histoire et celle de son époque, d'une écriture incisive, sans trêve, hachée comme la vie de Jay-Basquiat. Il en restitue magistralement, les élans, les cassures, les chutes, les choix. Les fait revivre tous et toutes ; et si c'était un peu nous, tous ces gens qui virevoltent, entrent, sortent, confondent le jour et la nuit, à moins que notre jour soit leur nuit ? Vivre un peu mais fort, ou s'économiser jusqu'à l'ennui ? Un beau travail d'écriture sur l'art, la vie, l'humanité, écrit comme peignait Basquiat. Un tableau de mots.

Lien : http://maryseesterle.com
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