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Critique de malo87


Vélum est le premier volet d'un diptyque d'une élégance crue et d'une rare complexité. Tellement embrouillé (et embrouillant) parfois, qu'à la fin de ma première lecture, j'étais même incapable de raconter simplement de quoi cela parlait, et bien en peine d'expliquer la fascination éprouvée pour ce livre.

Ce n'est qu'après une deuxième lecture que j'ose enfin en écrier une critique et, une fois n'est pas coutume, celle-ci sera bien plus longue que celle que j'ai l'habitude de poster sur babelio.

L'histoire : "Le Choc et l'Effroi, bande de fils de putes, le Choc et l'Effroi."

En gros, de quoi ça parle ? Dans un contexte de guerre des cieux entre deux factions d'amortels (que l'on peut appeler anges et démons), l'intrigue se focalise sur des personnages qui ne veulent pas choisir leur camp, où s'en extraire, selon. Sauf que la neutralité n'est bien évidemment pas une option puisque si tu n'es pas avec eux (quelque soit ce "eux"), tu es forcément contre. Pour ces amortels qui n'aspirent qu'à la liberté, il n'y a qu'une solution : fuir dans le Vélum, ce tissus de monde et de temps parallèles, et entrer dans le mythe.

Sauf que bien sûr ce n'est pas si simple : "Ce n'est pas comme si le temps était une ligne droite qui va du passé au futur." ; "C'est le problème dans le Vélum : avec un temps à trois dimensions, on a beau parcourir des siècles entiers, on peut se retrouver le jour du départ, ou en tout cas un jour qui y ressemble beaucoup." Ça vous parait confus ? Rien de plus normal !

Le livre se divise en deux parties : "Le dieu perdu de Sumer" qui retrace plutôt l'histoire des deux Messengers, Thomas et Phreedom, et calqué sur le mythe sumérien de la descente aux enfers d'Inanna ; et "Les feuilles mortes du Crépuscule" qui met plus en valeur Jack et Finnan et qui reprend le mythe de Prométhée.
Une des nombreuses qualités de ce livre, ce sont les personnages et en particulier les personnages masculins. Ils sont d'une justesse, d'une gravité, d'une profondeur... et il faut le dire, ils ont quand même grave la classe, même dans les aspects les plus cruels et les plus durs de leur nature. Métatron, la voix de Dieu, vieux cuir et dreadlocks, vous allez quand même pas me dire qu'il en impose pas ? Et ça, ce n'est qu'un personnage secondaire, on est loin de la flamboyance d'un Jack Flash par exemple. Bref, les personnages en jettent et la relation qui les unit parfois est à leurs images - je pense notamment à la sublime histoire d'amour entre Jack et Puck.

L'écriture : oscillation de la plume entre finesse et violence crue, lyrisme et familiarité. Ébouriffant à bien des égards. On aime ou on aime pas ; moi : j'adore !

Mais on ne peut parler de l'écriture sans évoquer la structure même du récit. Complexe, elle juxtapose des éléments appartenant à des mythes, des réalités et des temps différents, comme pour mieux démontrer l'implacabilité et l'acharnement du destin, à l'image de Thomas Messenger, contraint à fuir pour l'éternité, "Vas-y, tire une année, n'importe laquelle", Thomas, qui, quelque soit le nom qu'il porte, toujours s'échappe ("Les choses se passent toujours ainsi dans la vie, ou pour toujours ainsi dans l'éternité. Nous savons aussi que quelque part, à un moment donné, Tammuz s'échappe. Et pourtant nous le pleurons ; nous pleurons le dieu perdu de Sumer comme nous pleurons les jours perdus de nos étés."), toujours se fait rattraper, toujours se fait tuer, quelque soit la version de l'histoire, quelque soit la légende dans laquelle il se trouve.
"Ainsi vous connaissez le déroulement de cette histoire et vous savez qu'elle n'a pas une fin heureuse."

Et c'est la force de cette construction, de cet immense collage, de cette imbrications de pièces n'appartenant pas toujours au même puzzle mais qu'importe ? Au fur et à mesure, une logique imparable se dégage de ce bordel organisé. Puissant !

Si ce livre n'est pas le plus abordable et qu'il en rebutera beaucoup pour des tas de raisons, il s'agit selon moi d'une oeuvre magistrale, brillante. Je tire mon chapeau à cet auteur si singulier.
Bref, et comme dirait Jack Flash : "Nickel".
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