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Critique de ODP31


ODP31
17 février 2021
Une peau de vache bien tannée mais attachante.
Dotée d'un instant de survie plus développée que son instinct maternel, La Pâqueline squatte le logis de son Victor de fils, embastillé pour un usage un peu trop privatif de son métier d'embaumeur.
Nous sommes en 1798 et les Lumières n'éclairent pas l'âme tamisée de la marâtre. En revanche, ces temps agités où la guillotine avait tranché de la particule et où l'espérance de vie relevait de l'oxymore, les croque-morts comme Victor, artiste dans son domaine, avaient fait fortune.
Sans le sou mais pas sans ressource, la veuve dépose tous les biens du fiston chez quelques recéleurs. Un mont de piété sans pitié. La Pâqueline va aussi reprendre le commerce macabre du rejeton en optimisant les bénéfices. Entre la revente des effets personnels ou tenues mortuaires plus ou moins élégantes de sa clientèle avare en réclamation et le troc de quelques abats à des étudiants en médecine en manque de travaux pratiques ou à des tanneurs de cuir bio, la Pâqueline fait peau neuve. Tout est bon dans le macchabé et les cercueils sont moins lourds à porter. Une mise en bière sans alcool ni dents en or.
Plus agacée qu'émue que par les pleurnicheries carcérales de son unique descendance, la mère indigne va muer en Valérie Damidot et écrire son histoire diabolique, à l'aide d'une plume volé sur le cul du paon qui lui tient compagnie, sur les tapisseries du logement du rejeton pour que l'ingrat découvre sa dramatique généalogie. Cela change de la cloison peinte couleur parme ou crème de marron.
Isabelle Duquesnoy alterne dans son récit les mauvais coups de la Pâqueline avec l'enfance un peu « Cosettienne » de son épouvantable héroïne. le présent est truculent, le passé impitoyable. Itinéraire d'une enfant pas gâtée, sauf ses dents.
Je ne confierai pas mon chat en pension à l'abominable Pâqueline mais la verve rabelaisienne d'Isabelle Duquesnoy m'a rendu ce récit très sympathique. La très grande érudition de l'auteure immerge le lecteur dans l'époque, mais pas dans les pas de Bonaparte en voyage organisé en Egypte ou ceux des acteurs essoufflés du Directoire. Isabelle Duquesnoy nous raconte les rustres, les vauriens et ceux qui ne valent pas davantage et c'est jubilatoire.
Suite de « L'embaumeur » que je n'ai pas encore déterré de ma bibliothèque, La Pâqueline peut se savourer à l'unité ou à l'unisson.
Une histoire originale, merveilleusement rythmée, qui ne ravira pas que les thanatopracteurs. Une masse critique qui, malgré son sujet, mérite bien plus de remerciements que de condoléances.
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