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Critique de MaudeElyther


Avant-propos
Je remercie Jérôme Vincent et les Éditions ActuSF pour l'envoi de ce roman en service presse ! Ces derniers temps, je suis gourmande de fantasy, aussi j'ai été ravie de découvrir ce one-shot.
S'il n'a pas réellement répondu à mes attentes, sa lecture n'en a pas été déplaisante, notamment grâce au personne de Clour, très attachant.
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Fantasy classique
Nous sommes ici dans une oeuvre de fantasy somme toute classique. Les gens ont peur des individus qui possèdent un don magique. Voilà pourquoi le jeune Clour, 9 ans au début du récit, est maltraité par sa famille. Ses parents comme ses frères et sa soeur le maltraitent, ils le jugent inutile, maladroit. Mais voilà, comment le garçon peut-il canaliser, contrôler son don si personne ne le lui enseigne ? Clour pourtant fait de son mieux pour satisfaire les siens, échouant pour recommencer. Un accident arrive et ses parents veulent annihiler sa magie, c'est dans ces circonstances que le jeune garçon va être contraint à suivre un sombre individu. Direction, la Chartre, une prison enfermant les criminels usant de magie, le pire des endroits.
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École de magie
Comme un petit caillou dans une chaussure balancé au loin où il n'embêtera plus quiconque, Clour est envoyé à la Chartre. le pauvre enfant qui n'a jamais rien fait de mal et ne souhaite que rendre fiers ses parents, le voilà qui s'attend à mourir… Sauf qu'en entrant dans la supposée effroyable prison, il découvre tout autre chose. La vérité que les histoires circulant sur la Chartre cachent. L'endroit est bien une prison, et enferme les plus terribles criminels magiques, mais il est aussi comme un refuge pour celleux rejetés par le monde extérieur, l'Endehors, à cause de leur magie. Sous des airs de monastère, avec tenue, coupe de cheveux qui ne tient pas chaud, journée rythmée par les corvées et les heures de classes, l'appellation « frère », la Chartre est une école de magie !
Ah mais j'oubliais : le règlement poussiéreux n'a pas à la bonne la curiosité. Et la curiosité est le plus grand défaut/la plus grande qualité de Clour.
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Vivre en communauté
Pendant un moment, Clour va espérer pouvoir rentrer chez lui, il est sûr que ses parents seront contents de lui s'il sait utiliser sa magie, en plus à Chartre il va même apprendre à écrire. Bien sûr, cela est impossible, le secret doit être gardé, seuls les trotteurs sortent de la Chartre. Alors Clour finit par s'adapter. La vie en communauté dictée par le règlement n'est pas toujours facile, surtout car il n'y a presque que des adultes. le jeune garçon toutefois se félicite de rendre service, et bientôt, le voilà coursier. Son inextinguible curiosité, qui lui fait poser moultes questions pour son esprit de maintenant 13 ans, tisse petit à petit de grandes contradictions.
L'histoire s'intéresse avant tout à Clour, alors que beaucoup de personnages évoluent autour de lui. Certains, les essentiels, sont présents et forment comme les membres d'une famille complètement composée pour le jeune garçon. Son personnage est très réussi : il est vraiment attachant. Avec ce que la vie lui a offert, il est pourtant toujours le premier à vouloir rendre service. S'il pose beaucoup de questions, il ne se plaint pas, fait ses corvées et cherche les réponses à travers d'hétéroclithes lectures.
Personne ne lui apprend comment contrôler sa magie, ni à quoi elle sert exactement. Surtout, il y a le mystère de Meronir, sujet à d'étranges crises qui se produisent tous les trois ans. La communauté dicte de s'occuper les uns les autres, mais au fil du temps, Clour s'attache à Meronir, malgré son caractère distant, fantasque, à la limite de la paranoïa, sans oublier ses pertes de mémoire.
Clour veut bien faire et rendre service, c'est pour cela qu'il décide d'aider Meronir d'une façon inédite. le garçon en a un peu appris sur son don : il peut réparer les choses. Et s'il pouvait réparer la mémoire de Meronir ?
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Chamboulement
Il faut arriver un petit plus que la moitié du roman pour que l'intrigue soit réellement amorcée. Jusque-là, l'auteur mettait en places les discordances : la curiosité de Clour agace ses camarades alors qu'il est ici pour apprendre, non ? Il s'interroge sur l'Endehors alors qu'on lui répète que cela ne sert à rien car il n'y retournera plus. Il souligne un étrange détail dans le règlement, mais personne ne se souvient de cette particularité, que l'on suit pourtant à la lettre.
À cause de Clour (ou plutôt grâce à lui ?), la Chartre va connaître un chamboulement. Entre réflexions sur les notions de liberté et de savoir, de faire des choix, la confiance est secouée. Et notre jeune Clour est au coeur de tout cela ; même s'il ne comprend pas tous les enjeux, il a l'esprit vif et fait, toujours, de son mieux selon ses valeurs, justes et nobles. Je ne peux pas en dire plus, car comme je le précisais juste au-dessus, la seconde moitié du roman constitue le coeur de l'intrigue.
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Globalement
Je ressors de ma lecture malheureusement mitigée. le roman est bien écrit, malgré des phrases courtes, j'ai apprécié la dynamique entre la narration et les dialogues qui apportent une touche bien orale. Tout le récit souligne, l'air de ne pas trop y toucher, des travers de notre société (le rejet de la différence, la notion de liberté, oublier le passé, s'enfermer dans des habitudes au détriment des changements extérieurs, la qualité de l'éducation, le manque d'encouragement à la curiosité des élèves…). Pourtant, l'intrigue souffre pour moi d'un aspect bien trop manichéen, même si des nuances sont tentées. Il y a côté très malsain inutile en ce qui concerne l'attitude d'un homme adulte qui explique à Clour (9 ans) où et comment bien se laver, de même que le regard du « maître des cachots » sur Clour. Pas de pédophilie, mais quand même, ça m'a mis très mal à l'aise.
Même aujourd'hui, alors que je rédige mon retour, je n'arrive pas à dire autrement que par « il manque un peu d'essence » au récit. L'idée du retournement de l'école de magie, enchâssée dans un roman de fantasy façon old school, couplée aux réflexions sur notre société que posent les questions de Clour : cela marche bien, mais il demeure un goût d'inabouti quelque part. Peut-être parce que le déclenchement de l'intrigue et son dénouement s'enchaînent (trop vite) dans la seconde moitié du roman ?
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En bref : L'auteur renverse l'archétype de l'école de magie dans ce one-shot aux allures de fantasy classique. Envoyé au loin à cause de sa magie, le jeune Clour croit franchir les portes de la pire des prisons lorsqu'il arrive à la Chartre, mais il va découvrir une vie en communauté autarcique où il va peu à peu trouver sa place. Sa curiosité rongeante et son envie de rendre service vont l'emmener à passer à l'action en faisant un choix qui bouleversera la Chartre. le récit souligne, l'air de ne pas trop y toucher, des travers de notre société, ce qui pousse à diverses réflexions, et Clour est très attachant. Néanmoins, le roman a une approche trop manichéenne pour moi, et je lui trouve une construction déséquilibrée qui me laisse un goût d'inabouti.
Je gage toutefois qu'il plaira aux amateurices de fantasy old school !
Lien : http://maude-elyther.over-bl..
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