En une mosaïque dont les fragments ne tiendraient ensemble que par l'encre de la plume de
Marguerite Duras, ce recueil nous donne à entendre des réflexions très diverses, tous azimuts.
Ce volume présente la particularité d'avoir été conçu, à son origine, comme un dialogue avec l'ami-écrivain
Jérôme Beaujour. Mais rapidement les deux complices ont gommé du texte toutes les questions. Il nous reste par conséquent : un monologue, et... une absence !
Un monologue... qui s'adresse à quelqu'un... nous, finalement.
Comme souvent avec
Duras, le style et les mots choisis pourraient s'accorder aussi bien au récit d'un événement réel qu'à une fiction (voire à un rêve ?) ... Si bien qu'on flotte ici parfois entre deux eaux, ne sachant pas toujours très bien de quoi relèvent les lignes qui défilent. Et c'est très bien ainsi ! Impression de cheminer sur la crête sinueuse qui sépare fiction et réalité, au bon vouloir de l'auteure.
Se succèdent alors des sujets variés : l'écriture, les hommes, le désir,
l'amour, les maisons, la condition des femmes, l'injustice, les rencontres, et puis l'enfance -un peu-, l'alcool -beaucoup-... Ce dernier s'infiltre et sourd entre les lignes de la fin du livre, et donne l'impression d'assister en direct à un naufrage, et aux tentatives de l'auteure de ne pas sombrer. Elle parle très crûment de ce combat. Ne pas laisser la mosaïque voler en éclats...
Une lecture intéressante mais qui n'est pas parvenue à me passionner tout à fait, peut-être parce que les fragments ne dépassent pas deux ou trois pages maximum, ce qui ne laisse pas le temps d'y pénétrer entièrement ? Ou peut-être parce que l'ensemble m'a paru un peu froid, comme désabusé ? J'ai peiné à retrouver le souffle qui me porte habituellement si vivement chez
Duras, de page en page et de roman en roman !
Ce texte s'adressera surtout, me semble-t-il, aux familiers de l'oeuvre de l'auteure, les références aux personnages et situations des romans étant assez présentes.
Mais si certains peuvent y trouver une introduction à
Marguerite Duras, ce sera tant mieux !