Deuxième roman de l'auteure suisse d'origine coréenne que je lis. J'avais aimé l'atmosphère particulière , douce-amère, d'"
Hiver à Sokcho".
Je ne savais pas du tout ce qu'était un pachinko, croisement du flipper et de la machine à sous, mais comme le Japon interdit les jeux d'argent, les billes achetées puis gagnées s'échangent contre des cadeaux, que l'on peut néanmoins revendre dans d'autres magasins.
C'est le grand-père de la narratrice , tres âgé maintenant, qui possède ce commerce . D'origine coréenne, sa femme et lui ont dû quitter il y a cinquante ans leur pays natal , en 1952, pour fuir la guerre civile. Leur petite-fille est venue pour les emmener en Corée du Sud, où ils ne sont jamais retournés. En attendant, elle donne des cours de français à une jeune japonaise de dix ans, qui va aller faire ses études en Suisse.
La langue est au coeur de ce livre: celle que l'on ne parle plus, comme le coréen que la narratrice ne connaît plus bien, supplantée par le français. Celle que l'on apprend, comme la fillette à qui elle enseigne, celle que l'on s'interdit, la grand-mère refusant de communiquer en japonais avec sa petite-fille.
La langue comme malentendu, barrière affective. La langue tue, et les non-dits familiaux. Tout cela transparaît de façon sous-jacente mais tenace et symbolique , entre les personnages.
La fin est le passage le plus émouvant du livre...Et un bel exemple de désir de filiation et d'amour... A découvrir.