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Critique de Renod


Un hélicoptère se pose dans un jardin de banlieue. La journaliste Eliane Brun saute à terre et, suivie par une équipe de télévision, se rend en courant au domicile d'un particulier. L'homme aurait tenu des propos machistes au bar du village et est tenu de s'expliquer. le concept de cette nouvelle émission intitulée « La chasse aux sorciers » est de dénoncer les comportements ou propos inacceptables. Les réactionnaires, catholiques étriqués, misogynes, homophobes ou autres opposants à l'écologie passent à la moulinette de cette inquisition médiatique. Eliane Brun s'est fait connaître en animant « les Rebelles » sur la chaîne l'Autre Canal, émission au cours de laquelle elle invite chaque semaine des révoltés contre l'injustice de tout genre. le puissant Marc Menantreau, patron de la Cogeca, et double fictif de Jean-Marie Messier, apprécie cette présentatrice insoumise et lui propose un poste de conseillère au sein du « Rimbaud project ». le pédégé, pris d'une folie des grandeurs, a lancé ce groupe industriel dans la bulle internet. Ses projets sont grandioses, il souhaite maîtriser le contenu et le contenant, l'information et les câbles qui la transmettent Il conçoit ses investissements comme une aventure iconoclaste qui ne peut être incarnée que par l'auteur du « Bateau mouche » (sic). Mais pour Ménantreau comme pour Eliane, plus l'ascension sera rapide, plus la chute risque d'être rude.

« La rebelle » est une satire contemporaine qui relève les contradictions de notre époque. Eliane Brun est une journaliste qui attaque sans relâche les entorses à la « bienpensance » de son époque. Mais sous une posture de passionaria, il s'avère qu'elle partage les mêmes préjugés sur les homosexuels ou les musulmans que ceux qu'elle dénonce. Femme libérée, elle conçoit ses relations amoureuses sous un rapport de domination à un mâle. Enfin, sa dénonciation naïve du capitalisme et des puissants résiste peu à son arrivisme, à sa vénalité et à son désir « d'en être ». Benoît Duteurtre donne des coups de patte à la communauté gay du Marais qui affiche sa visibilité en adoptant des codes vestimentaires identiques et qui lutte pour accéder au cadre bourgeois de la famille (mariage et parentalité). L'auteur dépeint un aristocrate désargenté qui ne doit sa survie qu'à la fortune de son épouse issue de la bourgeoisie, un patron d'un grand groupe qui se rêve artiste, un entrepreneur qui se lance dans le marché des éoliennes avec cynisme et sans aucune conviction écologique. Notre ami Duteurtre serait-il un réactionnaire aigri ? Et bien non, son esprit critique s'attache à dénoncer les impostures de son propre monde. Il se pose en observateur espiègle de notre époque et attaque avec dérision et légèreté son conformisme et ses contradictions. Le roman est un brin daté, il faut avoir en tête l'épopée Vivendi et les balbutiements d'Internet, mais la critique des dérives de la tyrannie du bien reste d' actualité.
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