Cette bande dessinée, réalisée en collaboration entre un ancien coordinateur culturel à Fresnes et un dessinateur, raconte les expériences que le premier a vécues dans le cadre de son activité, qui consiste notamment à organiser des concerts à l'intérieur du centre pénitentiaire.
Je n'étais pas très convaincue lorsque je l'ai empruntée... J'avais tort ! Les auteurs font preuve de beaucoup d'humour, ce qui est pourtant difficile sur un sujet pareil, mais cela réussit très bien à dédramatiser les situations et à insuffler de la légèreté dans la narration, d'où une lecture très agréable. La BD sait aussi se montrer très émouvante à l'occasion, mais ne tombe jamais dans le pathos ni dans la caricature.
Les annexes, et la BD en elle-même, sont une mine d'informations sur l'histoire du système carcéral français et de la politique culturelle qui y est mise en oeuvre. Symphonie carcérale démonte les préjugés et les lieux communs sur la prison, sans avoir besoin de construire une argumentation explicite, mais simplement en donnant à voir au lecteur l'incroyable diversité des situations vécues par le narrateur à Fresnes, que ce soit avec les détenus, avec le personnel ou avec les musiciens.
Cette bande dessinée plaira à tous les mélomanes, à ceux qui s'intéressent à la prison, à ceux qui croient au pouvoir de la culture, et même à ceux qui n'appartiennent à aucune de ces catégories.
Une oeuvre salutaire, car la méconnaissance du public sur les prisons est immense, et pas grand-chose n'est fait pour la corriger. Dutter et Bouqé tordent le cou aux discours démagogiques, et on ne peut que les en remercier.
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