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Critique de Tachan


Malgré les excellents échos que j'ai eu sur le titre et sa traduction, j'avais quelques craintes avant de m'y lancer, car les tranches de vie humoristiques et moi souvent ça fait deux. Sauf qu'ici, j'ai retrouvé l'ambiance bon enfant des shonen des années 80-90 que j'aimais tant comme Maison Ikkoku, Touch ou même Dr Slump, des titres où un humour simple fait toujours mouche sans se montrer répétitif car il touche à un quotidien sublimé par la mise en scène comique de l'auteur.

Comme l'explique la très bonne préface signée Mai Yoshino ouvrant le manga, Stop !! Hibari-kun ! est un titre emblématique des années 80 qui est paru dans le Jump de l'époque, or dans ces années-là, on publiait plutôt des histoire de sports ou aux univers masculins forts et peu voire pas du tout d'histoires romantiques, les romances n'étant qu'un arrière-plan maladroit et lointain dans les titres existants. C'est à partir de la seconde moitié des années 70 avec des auteur comme Rumiko Takahashi (Lamu) et Mitsuru Adachi (Touch) que cela a changé. Eguchi s'inscrit dans ce changement avec son Stop !! Hibari-kun ! qui est à la fois une comédie romantique et une parodie de celles-ci. le tout est décapant !

Un peu comme dans le collège Fou fou fou, l'auteur reprend les codes d'un genre désormais bien connu pour mieux les tordre et les sublimer afin que nous-mêmes nous tordions de rire. C'est ainsi que le lecteur se retrouve face à un jeune héros orphelin qui va venir habiter chez un yakuza dont le fils se travestit en fille ! Scènes cocasses et comiques sont au rendez-vous de manière permanente dans cette parodie à la croisée de plein de genres ! L'auteur s'amusant à caricaturer aussi bien les yakuzas, les trans, que les lycéens énamourés. C'est poilant.

L'humour d'Eguchi est le gros atout charme du titre. Il a une façon de pousser le bouchon très loin sans pourtant que ça deviennent lassant, agressif ou malaisant, surtout avec un héros trans. Personnellement, j'ai trouvé au contraire beaucoup d'ouverture et de bienveillance envers ce personnage même s'il y a aussi beaucoup de dérision dans la façon dont est traité son rapport au corps, le sien et celui des autres, et aux apparences, et que l'auteur balance régulièrement des mots comme "dégénéré" ou "pervers", mais moi je les ai justement perçus comme une dénonciation vis-à-vis de ce qui le pensent vraiment et non comme la pensée de l'auteur, contrairement à certains.

Pour le reste, nous sommes dans une comédie lycéenne classique qui alterne entre situations drôles de malaise et quiproquos à la maison et au lycée, le tout souvent reposant soit sur un conflit de génération, soit un décalage entre yakuzas et gens normaux, soit sur la double personnalité homme/femme cachée d'Hibari que tout le monde prend pour une jeune fille. Tout est parfaitement travaillé pour qu'on ne sente pas de répétition d'un chapitre à l'autre, c'est dire l'imagination de l'auteur, et tout repose en même temps sur un quotidien qui nous est proche où il s'amuse juste à pousser un peu certaine situation. C'est très bien mené.

Je me suis donc bidonnée d'un pan à l'autre de ce premier tome, de la rencontre du héros avec cette singulière famille, à son arrivée au lycée, jusqu'à ce qu'il se fasse des amis, rencontre les différents clubs, en choisisse un, et surtout s'habitue, ce qu'il n'a pas encore totalement réussi, au fantasque Hibari. Il y a un air de Collège Fou fou fou dans la description de cette famille de yakuzas et dans le portrait de ses camarades lycéens. Il y a aussi un air de Ranma 1/2 dans sa vie quotidienne au milieu de ces gens totalement fous par rapport à lui qui semble si normal voire banal. Alors forcément, je n'ai pu que me sentir à l'aise.

En plus, la traduction d'Aurélien Estager m'a semblé au poil. Elle est vraiment drôle, fluide, limpide et pourtant pleine de références à la fois française et japonaise quand il n'y avait pas le choix. C'est un beau travail d'adaptation. L'ajout de la préface situant l'oeuvre était top et l'édition dans son ensemble est très bonne, avec la présence de nombreuses pages en couleur ou bichromie sur un épais papier de qualité, ce qui permet de bien mettre en valeur le dessin old school so années 80 d'Eguchi. Personnellement, j'ai adoré retrouvé ces visages bien ronds avec de grands yeux, cette mode typique avec jupettes plissées à la taille, ces grosses têtes plus grandes que le corps comme dans le Collège fou fou fou, ou ces coiffures à couette unique comme Bulma dans les débuts de DragonBall. J'adore aussi cette veine très pop qui en ressort, un peu à la Andy Warhol ou Roy Lichtenstein. Je suis fan de ce style qui me rappelle mon enfance et qui semble couler entre les pages tant il est vivant et entraînant. Ce n'est pas pour rien qu'il est devenu le chef de file de nombre d'illustrateurs ensuite et qu'il est désormais plus illustrateur indépendant que dessinateur de manga.

Alors que j'avais des appréhensions sur mon appétence pour un titre purement humoristique datant des années 80, cette entrée en matière d'Hisashi Eguchi m'a pleinement convaincue ! J'ai adoré suivre la vie sans dessus dessous de ce jeune héros forcé de cohabiter avec une drôle de famille de yakuzas et son fils devenu fille transsexuelle tout aussi loufoque. J'ai retrouvé avec plaisir l'humour des dessins animés de mon enfance avec un schéma loin d'être aussi répétitif que je le craignais mais plutôt efficace grâce au décalage apporté par les nombreuses situations drôlatiques dans lesquelles le héros se retrouve. C'est classique, simple et pourtant terriblement efficace. Merci le Lézard noir pour cette découverte inattendue !
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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