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Critique de Meps


J'ai plutôt une histoire contrariée avec le Prix Goncourt. Quelques chefs d'oeuvre découverts mais sans avoir besoin du prix pour les connaitre (La Vie devant soi, A l'ombre des jeunes filles en fleur) hormis les Bienveillantes de Littell. Des bonnes lectures comme Alabama Song, L'Amant, La Carte et le Territoire. Des lectures plus mitigées, comme Trois femmes puissantes, L'Anomalie, le sermon sur la chute de Rome. Et une vraie déception avec Chanson Douce. Bref un palmarès contrasté, qui ressemble à un bilan global de mes lectures sans que le prix semble avoir une incidence sur les statistiques.

Il semblait logique de se diriger vers les lauréats plus anciens puisque ce furent ceux qui m'apportèrent plus de plaisir... et de tenter un auteur totalement méconnu, pour donner sa chance au prix de me guider totalement. Mon choix se porta sur Elder et son peuple de la mer, dont je n'avais jamais entendu parler.

Le livre rejoint les bonnes surprises, sans révélation transcendantale mais avec un vrai plaisir de lecteur. La peinture de ces hommes frustres, de ces iliens de Noirmoutier amoureux de la mer, d'un amour passionnel qui mélange donc la peur et le désir, est une vraie réussite. L'auteur sait adapter son style, se faire lyrique et poétique parfois mais le plus souvent bourru. Il dépeint parfaitement la violence de la plupart des rapports, mais toujours empreints de solidarité et de camaraderie. L'alcool lie les personnes tout en les poussant parfois à se battre. On se retrouve quasiment tout du long dans cette ambiguïté de rapports humains où le pire comme le meilleur peut arriver. Même si l'humour et le rire sont très présents, le drame n'est jamais loin.

Le choix du découpage en trois parties est judicieux, trois récits à la fois bien indépendants car ils se concentrent sur trois histoires distinctes, mais totalement reliés par le cadre et les personnages qui se retrouvent en fond. La méthode de narration me semble original pour l'époque même si j'ai peu de points de comparaison, ayant finalement assez peu lu de romans du début du XXème siècle. Les titres des parties (La Barque, La Femme, La Mer) résument d'ailleurs assez bien ce qui se joue dans la vie de ses hommes. Une lutte jalouse entre la Femme et la Mer qui s'arrachent ses hommes, l'une pour le garder à terre, l'autre pour l'emporter au loin. Avec la barque comme alliée de chacune, source de revenus du ménages et trait d'union avec l'amante-mer. Des récits passionnants qui nous racontent ces hommes qui ne savent se raconter que par le récit d'exploits maritimes mais qui ne transmettent jamais leurs ressentis les plus profonds.

Bilan positif donc pour cette lecture, à rapprocher d'Alabama Song en tant que livre que je n'aurais jamais eu le plaisir de découvrir sans ce prix Goncourt à la fois si prestigieux et si décrié.
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