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Critique de Marc129


Je ne suis pas un adepte de la poésie hermétique, je pense qu'il ne sert à rien de lire de la littérature s'il faut chercher le fond spécifique, très particulier, de chaque mot ; cela se fait au détriment du plaisir de lecture. Ainsi, lorsque j'ai lu ce cycle de poèmes pour la première fois il y a 15 ans, j'ai été rapidement découragé. Heureusement, une édition texte bilingue a été récemment publiée dans la région néerlandophone, avec une traduction et des notes détaillées de Paul Claes, l'un des connaisseurs littéraires les plus érudits encore en vie. Ma nouvelle lecture est restée une entreprise difficile, mais les perspectives qu'ouvre Claes apportent toute la richesse de ce cycle. Et c'est une richesse si intense en fait que, même avec l'excellente direction de Claes, elle ne se révèle certainement pas pleinement à la première ou deuxième lecture.

J'ai particulièrement mis l'accent sur l'aspect « temps », qui est l'un des thèmes centraux de ce cycle – parmi de nombreux autres. Claes souligne que le mot apparaît environ 75 fois, mais que le sens change constamment. "Il y a le temps linéaire de l'horloge et du chronomètre, le temps cyclique des années, des saisons et des jours, le temps transitoire de montée, de floraison et de déclin, le temps avancé de l'évolution et de l'histoire, le temps subjectif du passé, du présent et du futur, le temps fini de l'incarnation et le temps stagnant de l'éternité. Chacun des 4 quatuors adopte sa propre approche du temps : le temps comme mémoire dans Burnt Norton, le temps comme motif cyclique dans East Coker, le temps comme flux dans The Dry Salvages et enfin le temps comme histoire, dans Little Gidding.

Four Quartets est souvent décrit comme le poème le plus religieux d'Eliot, puisqu'il a été écrit après sa conversion à l'anglicanisme. Il est parfois perçu avant tout comme un poème mystique et, en ce sens, il est autant glorifié que vilipendé. Ce mysticisme est absolument présent, mais je suis d'accord avec Claes qu'il ne domine pas cette collection, c'est-à-dire qu'il ne "tue" pas tout le reste. Appliqué au concept de temps, j'ai remarqué qu'Eliot voit le temps comme une manifestation concrète de l'histoire et comme une révélation de l'éternité. Ainsi, avec Eliot, cette éternité n'est pas immobile, comme le voit souvent la mystique chrétienne, mais comme une entité constamment en mouvement. C'est l'un des aperçus de cette collection qui ouvre la porte à la variation insaisissable de la création et de la réalité, qu'Eliot a exprimée d'une manière inimitable, tant en termes de contenu que de forme.
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