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Critique de Lybertaire


Gloucester et Bakatov, deux jeunes inséparables qui ont grandi à l'orphelinat pour enfants handicapés, découvrent la société post-soviétique.

Le premier, Bakatov, a le crâne déformé. le second, Gloucester, est bossu et nous raconte leur histoire. Inséparables, solidaires en tout, ils ont grandi dans un orphelinat de banlieue, abandonné par les pouvoirs publics. Toute leur vie, les enfants de l'orphelinat, handicapés, attardés mentaux ou simplement trop laids pour être aimés, n'ont connu que la maltraitance et les humiliations, parqués comme des bêtes sans stimulation intellectuelle ni activités ludiques.

Mais dans cette vie rude, l'un et l'autre ont développé un don hors du commun. Bakatov manifeste des pouvoirs étranges grâce à des incantations pendant lesquelles il se ronge les ongles. Quant à Gloucester, il a la bosse de la musique, au sens propre. Intelligents et autodidactes, ils savent de temps en temps tourner à leur avantage le fait d'être considérés comme des débiles.

À dix-huit ans, ils sont lâchés en ville. Les voilà embarqués dans le monde qui leur est totalement inconnu. La chance leur sourit, du moins pour un temps.

Dans les romans courts, soit l'effet est saisissant et fulgurant, soit il tombe à l'eau. le potentiel était pourtant énorme. Imaginez un orphelinat russe, un de ceux qui peuplent notre vision de la Russie soviétique qui rationalise l'existence humaine ; prenez ces deux enfants, extrêmement doués, presque surnaturels, soudés dans la galère et le mépris. Mais leur ascension et leur chute est si prompte que leur souvenir s'efface bien vite après avoir refermé le livre, d'autant que la fin est étrange et bâclée. Les thèmes (la discrimination par l'intelligence et la différence, l'abandon) aussi sont à peine effleurés, insuffisamment exploités.

Surtout, Les Ongles est un (premier) roman agaçant surtout à cause de son style recherché, voire précieux, composé de périphrases appelant des mots savants, et haché par une ponctuation qui laisse perplexe. La mise à distance à coup de périphrases censées être ironiques anéantit la profondeur psychologique et l'empathie envers les personnages, et échoue à créer véritablement les dimensions humoristique, glauque et fantasque voulues du roman. Certaines expressions et syntaxes sont bizarres, presque incorrectes, ce qui fait tomber à plat toute la volonté poétique. L'ensemble fait calculé, étudié, et froid, en fin de compte. Difficile d'éprouver de l'empathie envers l'histoire et les personnages. Texte original ou traduction trop léchée ? Notez tout de même le catalogue de littérature étrangère de Serge Safran éditeur, dont les petits livres sont élégants et confortables à lire.

L'article sur Bibliolingus :
http://www.bibliolingus.fr/les-ongles-mikhail-elizarov-a113042530
Lien : http://www.bibliolingus.fr/l..
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