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Critique de gruz


S'il y a bien un auteur a qui on peut faire une confiance aveugle, c'est R.J. Ellory, quelle que soit la nuance de Noir qu'il utilisera. Au nord de la frontière est un polar avec flics et enquêtes, mais il est tellement plus que ça. du Roman Noir dans sa plus belle des expressions.

500 pages qu'il éclabousse de son immense talent, toujours à raconter ses personnages avec une empathie déchirante.

Début des années 90, les investigations se font encore un peu à l'ancienne, internet n'est pas encore arrivé pour révolutionner le travail de terrain et les communications. Il faut se rencontrer pour se parler et avancer dans les recherches.

L'auteur nous emmène en Géorgie, à la frontière du Tennessee, dans les toutes petites villes, clairement pas le coin le plus argenté des États-Unis. Encore moins quand on s'éloigne pour aller se frotter aux communautés qui vivent dans les Appalaches.

Ellory le fait dire très vite à l'un de ses personnages, n'attendez pas une ambiance à la Délivrance (qui se déroulait dans le coin), les gens y sont pauvres mais ouverts.

Il n'empêche que c'est une mentalité particulière de communauté, où la notion de famille est primordiale. Ce n'est donc pas un hasard que ce sujet soit au centre de l'histoire du roman.

Soudée, dysfonctionnelle, brisée, ou réconciliée, la famille se raconte ici sous différents prismes. le coeur palpitant en est Victor Landis, flic solitaire, sa femme décédée d'une maladie, fâché à mort avec son frère séjournant à une centaine de kilomètres. Les deux sont shérifs de leur comté.

Victor va devoir remettre son frère dans sa vie, le jour où celui-ci est retrouvé tué, écrasé à plusieurs reprises. Il va apprendre qu'il avait une femme et une fille de 11 ans. En parallèle, plusieurs cadavres d'adolescentes sont découverts…

Victor se sent donc personnellement impliqué dans une partie des enquêtes. Au point de devoir mettre de côté son tempérament solitaire pour apprendre à collaborer, à échanger. Avec ses collègues shérifs des environs, avec sa nièce sortie de nulle part.

L'intrigue est globalement assez classique certes, mais ce roman va tellement plus loin. Au-delà d'une histoire sacrément bien pensée, traitée, menée – un modèle du genre – il y a les émotions.

Depuis plusieurs mois, je sature des histoires de flics et d'enquêtes. Pourtant, Ellory a réussi à me faire vibrer. C'est parce qu'avant tout, il raconte des hommes et des femmes, avec une humanité déchirante qui m'a touché au coeur.

Les personnages sont d'une épaisseur rare, complexes, mais sans en rajouter des tonnes. On croit à ces gens, on croit à leurs relations, on est ému par ce qu'ils vivent, Victor en premier.

Et il y a toujours cette écriture au diapason, tellement belle, sensible, juste. L'écrivain anglais est un génie du Noir, d'une ambiance à l'autre, d'un roman à l'autre.

Je tiens à souligner que ce roman est la dernière collaboration entre l'auteur et son traducteur Fabrice Pointeau, décédé en 2023. Il aura traduit dix romans de R.J. Ellory. Son travail et sa sensibilité narrative auront clairement contribué au succès de ses livres en France. L'auteur le remercie avec chaleur à la fin du livre.

Cette virée Au nord de la frontière marque pas sa noirceur autant que par son humanité poignante. R.J. Ellory sublime une nouvelle fois ce texte par la grâce de son talent unique. Toujours aussi indispensable.
Lien : https://gruznamur.com/2024/0..
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