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Critique de Errant


Que demande-t-on à un roman policier? Une bonne histoire, de l'originalité, une enquête crédible, de l'action, des personnages bien affirmés, des doutes en cours de route, un dénouement à la hauteur. Hé bien ce roman comporte tout cela avec en prime une magistrale introspection d'un être confronté à l'échec de sa vie. J'ai été happé autant par l'histoire que par cet examen de conscience récurrent et, au total, je n'hésite pas à dire qu'il s'agit ici d'un des meilleurs romans policiers que j'ai lu à vie, et ce, pour plusieurs raisons.
D'abord la partie d'échec que se livrent Sandia et Madigan, les nuances de leur relation équivoque, la tension qui monte inexorablement, la perversité de leurs raisonnements et actions sont déjà captivants en soi. Et cela permet à Ellory de nous plonger dans un univers où tout est possible, sauf peut-être l'espoir de s'en sortir, et c'est justement là-dessus, mais pas exclusivement , que l'auteur nous tient en haleine.
Mais ce monde sans issue dans lequel ils évoluent trouve son écho dans la tête du héros, en autant qu'il en soit vraiment un, ce qui est loin d'être clair, à chacun d'en juger. Car rien ne semble aller pour ce père coupable et absent, aux mariages naufragés, à la carrière mensongère, à l'endettement monstrueux, se débattant autant avec l'alcool que les pilules. de là l'obsédante pensée : puis-je m'en sortir? Est-ce que ça vaut la peine d'essayer? Ou ne serait-il pas plus simple d'abdiquer? D'une façon ou d'une autre... de rajouter une trahison à toutes les autres. Et comme si cela n'était pas déjà assez, arrive Isabella qui servira de miroir déformant...
Le quartier du 167e, où la misère suinte de toutes parts, sert de terrain de jeu à tout un monde de junkies, prostituées, joueurs plus ou moins compulsifs. Tous sous la coupe de l'implacable Sandia qui ne tolère aucune incartade et assoit sa main-mise sur la peur et la corruption. Tout ce qui grouille et magouille doit en tenir compte et observer les manoeuvres douteuses, tordues, à double ou triple sens, a comblé le voyeur en moi. En face les forces de l'ordre ne sont pas tellement plus vertueuses, au pire complices, au mieux découragées, blindées, atteintes d'un je-m'en-foutisme incurable, elles-mêmes au prises avec les intrigues de corridor, les compromis quotidiens et les luttes de pouvoirs. Ellory nous fait toucher du doigts ces réalités qui alimentent l'aliénation de Madigan.
Les enquêtes elles-mêmes, complexes, sinueuses à souhait m'ont rivé à ma chaise autant que les questions existentielles de Madigan. Et les personnages secondaires ne le sont pas, justement. L'auteur a pris le temps de bien les cerner, nous les présentent juste assez pour qu'on comprenne bien les ressorts qui les animent tout en gardant des zones d,ombres qui les rend encore plus intéressants. Tout cela bien écrit, d'un équilibre remarquable entre les différentes facettes du livre. Assez évident que je le recommande!
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