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Critique de Pecosa


Les fondus de séries américaines des années 70 se souviennent peut-être du pilote de la série Kojak (visible sur le net) dans lequel on voyait le flic du 13ème District enquêter sur l'Affaire "Marcus-Nelson". Les aventures du chauve à la sucette commençaient avec un crime qui défraya la chronique au début des années 60, et qui fit prendre conscience au public qu'une ségrégation raciale, autre que celle qui régissait les états du sud du pays, agitait les grandes villes de la côte est.
Les meurtres des "Career Girls", Janice Wilie et Emily Hoppert, jeunes femmes blanches sauvagement assassinées dans un appartement de l'Upper East Side le 28 août 1963 eurent un retentissement considérable dans la presse et l'opinion publique. Coïncidence, au vu des événements ultérieurs, les crimes furent commis le jour où Martin Luther King prononça son célèbre discours devant le Lincoln Memorial. La police arrêta l'année suivante George Withmore, un jeune afro-américain auquel elle avait arraché des aveux. Cette affaire, symptomatique des tensions raciales qui agitaient la Cité sauvage est à l'origine du travail de recherche de T.J. English sur une décennie (1963-1973) particulièrement violente dans l'histoire de la ville de New-York.
Le journaliste ne se contente pas de décrire le cheminement d'une enquête policière pour séduire un lectorat friand de crimes médiatiques.
En croisant les destins de trois protagonistes, Withmore, auquel l'ouvrage est dédié, William Phillips, ancien du NYPD, et Dhoruba Bin Wadad, co-fondateur de la Black Liberation Army, English nous offre la radiographie d'une mégapole redessinée par une population cosmopolite (paupérisation des quartiers, gentrification des banlieues "blanches", arrivée massive de Portoricains...) , et qui fut secouée par les revendications politiques et sociales.
Ce travail de fourmi (700 pages) remarquable du point de vue de l'enquête journalistique (croisement des sources, analyse minutieuse de la presse, des rapports de police, des archives judiciaires, choix éclectique des intervenants...) qui permet à English de chroniquer les années de braise d'une grosse pomme pourrie par les clivages communautaires, les violences policières, les magouilles mafieuses s'est cependant révélé un peu trop dense pour moi.
Malgré de fréquentes et utiles notes de bas de page et un effort louable de vulgarisation, cette lecture s'est achevée dans la douleur. J'avais trouvé plus accessible son précédent ouvrage, Nocturne à la Havane, sur les dernières années de Batista, qui se lisait comme un roman. Les amateurs de récits documentés apprécieront sans aucun doute cette Cité sauvage, et pourront, grâce à la bibliographie, poursuivre leur voyage .
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