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Critique de Presence


Ce tome fait suite à Local Heroes (épisodes 9 à 14). Il contient les épisodes 15 à 22, parus en 1997 et 1998.

"Ace of killers" (épisodes 15 à 20) - Dans un musée de Gotham, Catwoman vient de dérober une antique carabine Winchester aux propriétés particulières. Ailleurs Hitman et Nat (the Hatt) Walls se font attaquer par Mawzir, une créature extradimensionnelle qui veut tirer vengeance de l'humiliation que lui a fait subir Monaghan (dans le premier tome). Après quelques recherches, Monaghan et Walls se retrouvent coincés dans une église en compagnie de Catwoman et Jason Blood (Etrigan), alors que Mawzir s'apprête à donner l'assaut avec une équipe de criminels endurcis.

"Kiss me" (épisode 21, dessins de Steve Pugh) - Les parents (sa mère et son grand-père) de Deborah Tiegel sont de sortie. Elle invite Tommy Monaghan à passer la soirée chez elle.

"The Santa contract" (épisode 22) - Alors que Monaghan n'a même plus de quoi acheter un cadeau à Deborah le soir de Noël, il décroche un contrat pour abattre un grincheux avec des superpouvoirs qui s'est déguisé en père Noël.

Garth Ennis a installé son personnage dans propre petit coin de Gotham avec incidemment une interaction de temps en temps avec l'univers de Batman. Ces occurrences permettent à Ennis de tourner en dérision les superhéros traditionnels, mais elles rappellent aussi que vu le bazar que met Monaghan et ses copains dans le Cauldron (un quartier populaire de Gotham), il n'y aurait aucune chance que ça passe inaperçu et que Batman n'intervienne pas. Cet élément de continuité sert l'histoire, autant qu'il met à mal la suspension consentie d'incrédulité.

Cette fois-ci c'est Catwoman qui est mise sur la sellette et Ennis respecte plutôt ce personnage sans s'en moquer. John McCrea reprend les poses mettant en avant la féminité de Catwoman popularisées par Jim Balent (par exemple dans The Catfile. Mais il le fait discrètement en la mettant en second plan. le lecteur assiste également au retour du Demon, plus déchaîné que jamais.

Dans "Ace of killers", Ennis privilégie la grosse baston qui tâche et l'humour absurde. Ce n'est pas la meilleure partie parce que l'affrontement est un peu étiré, malgré les rebondissements et John McCrea n'arrive pas à faire croire à la situation de l'église. Alors que la scène débute dans Gotham, le flou des dessins laisse à croire qu'elle se trouve au milieu de la rase campagne après quelques pages. Quant à l'humour absurde, Ennis repousse les limites de l'imagination. Il introduit une nouvelle équipe de superhéros dénommée Section 8 et composée de Sixpack, Bueno Excellente, Defenestrator, Dogwelder, Friendly Fire, Jean de Baton-Baton, Flemgem et Shakes. Je vous laisse la surprise de leurs improbables pouvoirs. Bon allez si, un pour donner une idée. Dans le civil Jean de Baton-Baton tient une boucherie chevaline (Ennis a une dent contre les mangeurs de chevaux, comme peuvent s'en souvenir les lecteurs de All Hell's a-coming). Son pouvoir est d'estourbir ses ennemis grâce à sa franchouillardise (sic, "frenchness" en anglais). Cette histoire comprend également la première apparition de Baytor, un seigneur de l'enfer.

Au-delà de l'humour à la fois absurde et provocateur, plusieurs composantes ajoutent une saveur particulière, telle la personnalité d'Etrigan, la relation respectueuse et chaleureuse entre Tommy et Natt, la manière dont Monaghan manipule Jason Blood, et le développement de la relation entre Tommy et Deborah. À ce titre, l'épisode "Kiss me" est mieux équilibré que "Ace of killers" : la partie romantique et la grosse farce coexistent en osmose, plutôt qu'en opposition. Cet épisode bénéficie également des illustrations de Steve Pugh, pour une ambiance plus nuancée, et des dessins plus intéressants que ceux de McCrea.

Paradoxalement, le dernier épisode met en évidence les limites de la farce selon Ennis, avec grosse course poursuite, Père Noël méchant, comptine en rimes à deux balles, et hommages aux films d'action. Mais c'est aussi celui qui permet de mieux apprécier les forces de McCrea (encré par Steve Pugh pour ce dernier épisode). Il a un don pour conférer un aspect ordinaire et légèrement dépenaillé et négligé à cette bande de zozos. Il exagère les expressions des figurants dans les situations de crise, évoquant irrésistiblement les films d'horreur ou les films catastrophes bon marché où les gens hurlent dans tous les sens. Il a également un sens du grotesque bien développé, particulièrement remarquable dans l'apparence d'Etrigan, du père Noël radioactif, ou encore de Mawzir ou de Baytor (avec une légère connotation phallique). Sa façon de concevoir ses cases un peu chargées en encre rajoutent encore à l'impression de promiscuité et d'humanité grouillante baignant dans son jus. Par contre, il a toujours un peu la flemme dès qu'il s'agit des décors (ça dépend des pages).

Garth Ennis et John McCrea continuent d'emmener le lecteur en compagnie de ce tueur à gages décontracté, de son pote gentiment cassant, de Deborah Tiegel (jalouse des courbes épanouies de Catwoman) et des dangereux branques que sont ses potes. Mais la farce phagocyte un peu trop le récit à mon goût dans "Ace of killers" en faisant baisser la tension de l'affrontement, plutôt que de le rehausser. Tommy Monaghan continue de tuer pour de l'argent dans Who Dares Wins (épisodes 23 à 32 + 1.000.000).
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