AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de BazaR


BazaR
27 septembre 2014
Une pièce agréable à lire dont le principal mérite est de conter quelques pans importants de la mythologie grecque.

Condamné par Zeus, Prométhée le Titan est enchainé au sommet d'une montagne du Caucase pour avoir osé voler le feu aux Dieux et l'avoir offert aux hommes. Son destin est de subir éternellement les affres de la fournaise du jour et du froid glacé de la nuit. Les Océanides, filles d'Océan, forment le Choeur qui vient plaindre le malheureux et l'auditoire auquel Prométhée conte son histoire. Il est amer de son sort, mais fier de son action. Il renvoie vertement Océan venu lui proposer son intercession. Connaisseur de l'avenir, il va conter celui de sa visiteuse, la nymphe Io, fille du fleuve Inachos poursuivie par la colère vengeresse d'Héra pour avoir eu le malheur de plaire à Zeus. Fier, dis-je, et sûr de sa victoire finale car il détient un secret ; il sait comment et par qui interviendra la chute de Zeus. Hermès descend des cieux pour le convaincre de le dévoiler, en vain.

On le voit beaucoup de choses sont racontées. A l'échelle de la pièce cela fait un peu trop. L'histoire d'Io, par exemple, prend beaucoup de place et n'apporte aucune solution au sort de Prométhée ; sort qui n'est d'ailleurs pas réglé à la fin. Mais quand on voit la pièce comme la première d'une trilogie cela s'explique. Eschyle avait bien plus de marge pour s'étaler et pouvait se permettre des interludes et une fin en suspense. Les deux autres pièces ont malheureusement disparu, mais l'on sait que la deuxième – « Prométhée délivré » - contait la libération du Titan par Héraclès.

Pourquoi Prométhée a-t-il provoqué le courroux de Zeus alors qu'il l'avait aidé à enfermer ses frères les Titans ? Cela n'est pas clairement dit. En fait Prométhée était, selon d'autres sources, le créateur des hommes que Zeus souhaitait éliminer de la surface de la Terre. En apportant le feu aux hommes il apporte l'élément décisif au progrès, à la domination de la nature, et finalement à l'oubli des Dieux désormais inutiles. C'est une vision très humaniste du rôle de Prométhée que portait là Eschyle. La portait-il vraiment ou a-t-on ici affaire à une interprétation moderne ? Je ne sais.

De manière empathique on a tendance à être ému du sort infâme réservé au Titan, qui sera encore alourdi après la visite d'Hermès avec un aigle qui viendra quotidiennement manger son foie. On apprécie aussi son côté implacable, l'affirmation de sa fierté. En fait en lisant les analyses du mythe on comprend que Prométhée n'est pas si démuni qu'il le paraît. C'est un immortel, et même Zeus – présenté dans la pièce comme un potentat ne gouvernant que par la violence - ne peut le tuer. La douleur ? Il peut la supporter. Et il tient son adversaire à sa merci. Il sait comment ce dernier tombera de son trône, et personne ne saurait lui arracher l'information. C'est le statu quo. le noeud ne se desserre que dans « Prométhée délivré » (on le suppose) où un compromis est trouvé : Zeus accepte de délivrer le Titan moyennant une mise en scène épique et l'intervention d'Héraclès. En retour Prométhée dévoile qui menace son trône ce qui permettra au maître des Dieux de désamorcer préventivement la grenade. Zeus acceptant un compromis abandonne l'usage seul de la Force pour le gouvernement. Une forme de Justice peut naître.
Commenter  J’apprécie          314



Ont apprécié cette critique (23)voir plus




{* *}