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Critique de Ziliz


Ziliz
02 novembre 2019
Bastien, il a de la chance : sa maman Marie est funambule, elle avance sur un fil comme la dame du cirque. Et elle a des super-pouvoirs – comme Jean Grey des X-Men, elle peut exploser à tout moment.

En fait non, Bastien n'a pas de chance.
Comme tous les enfants, il cherche à se convaincre que son environnement est normal, mais ils vivent l'enfer. Sa mère est « bipolaire à tendance schizophrénique », le père essaie tant bien que mal de préserver une vie de famille, les grands-parents et d'autres proches les épaulent. Mais les crises de Marie reviennent, soudaines, violentes, spectaculaires et terrifiantes pour un petit garçon de huit ans qui ne reconnaît plus sa maman dans ce démon qui hurle, se débat, et veut mourir tant elle a mal.
A ces brutales dégringolades succèdent les internements. L'enfant et son papa rendent visite à une femme méconnaissable, apathique, épuisée, entourée de 'fous' qui disent et font n'importe quoi.
Quand elle revient à la maison, la maman a du mal à sortir du lit. Bastien la voit rarement sourire, mais il sait qu'elle l'aime, ils partagent de bons moments : « Je sais que c'est difficile pour toi quand je suis malade et que je dois partir me faire soigner. Je sais que je te manque. Mais je t'assure que tu me manques aussi. Alors quand je ne suis pas là, promets-moi de ne penser qu'aux bons moments que nous avons déjà passés ensemble. D'accord ? »

Dans cet album bouleversant, Espé raconte ce qu'il a vécu, enfant. L'adulte qu'il est devenu, pétri de cette douloureuse expérience, nous livre ses incompréhensions et interprétations d'alors.

Le propos et le graphisme s'harmonisent parfaitement pour rendre compte de la souffrance et de la violence de la maladie, qui alternent avec les moments de répit et de douceur autour de l'enfant.
Les troubles mentaux dont souffre cette femme sont illustrés de manière évocatrice : immersion, noyade, bête sauvage, feu, explosion...
La douleur des proches, leur peur, leur sentiment de culpabilité et d'impuissance sont extrêmement touchants.

Cet album va résonner longtemps, et je retiendrai l'image de ce petit garçon recroquevillé dans un placard, témoin d'une énième crise maternelle de l'autre côté du mur. Il arrache la tapisserie pour amincir la cloison, afin de se rapprocher de sa maman qui lui échappe une fois de plus...
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