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Critique de oiseaulire


La revue Europe est toujours excellente : ce numéro confronte de nombreux points de vue sur Ingeborg Bachmann et son oeuvre. Il apporte un éclairage précieux sur certains écrits un peu obscurs de l'auteure, comme le "Fragment d'Anna" commenté par Hélène Cixous.
Bachmann a passé sa vie dans une tension extraordinaire qui confère leur poignance à ses textes : son père a adhéré au NSDAP alors que celui-ci était encore interdit en Autriche (Parti Allemand National Socialiste du Travail). Personne mieux qu'elle pourtant n'a décrit le déchirement que fut l'Anschluss, date du basculement de sa vie et de son déchirement intérieur.
Cette ascendance, cette honte intime, elle l'a tenue secrète : comment dévoiler le fait d'un autre, fût-il son père, sans paraître vouloir s'absoudre soi-même, ce qu'elle ne voulait pas, porteuse d'une éthique de la responsabilité de tous. Elle n'a pourtant cessé de stigmatiser la suprême hypocrisie qui consista à considérer l'Autriche comme une victime collatérale du nazisme. Cette falsification éhontée de l'histoire arrêta brutalement le processus de dénazification que le pays avait pourtant entamé dans l'immédiat après guerre. Sans relâche elle travailla la langue allemande afin d'en expurger les structures qui avaient rendu possible la pensée dictatoriale et délirante qui assombrit l'Europe.
Toute sa vie, elle fut écartelée entre son amour clandestin pour son père et la détestation intime et politique de ce qu'il fut.
En 1973, elle périt dans l'incendie de sa chambre d'hôtel à Rome et agonisa dix jours à l'hôpital. Sa vie se passa à se consumer jusqu'à l'embrasement final.
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