AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Nastasia-B


Revoilà John Fante, alias Arturo Bandini, au sommet de sa forme qui nous livre un roman, certes, pas exclusivement autobiographique, mais tout de même largement imbibé des expériences et du vécu propres de l'auteur.
Arturo Bandini est fils d'émigrés italiens dans l'ouest des États-Unis du début du XXème siècle. Il faut s'imaginer la vraie famille italienne caricaturale, croyante jusqu'à la racine des ongles, avec une flopée d'enfants, une mama charismatique et un papa qu'on ne voit jamais beaucoup, qui travaille dans le bâtiment quand il y a du travail, et qui, s'il n'y en a pas, boit un bon coup et donne des taloches.
Pas facile d'exister, d'être quelqu'un d'important dans la famille quand on n'est qu'un bambino parmi plein de bambini. Arrivé en fin d'adolescence, Arturo n'a qu'une envie, qu'un leitmotiv : se faire un nom. Pas de bol, c'est peut-être encore plus difficile de creuser son trou au soleil dans l'Amérique d'entre deux guerres quand on n'est qu'un petit rital sans le sou que d'exister dans la famille. Car dans l'Amérique, il n'y a jamais une mama bienveillante qui vous ressert une triple portion de spaghetti dans les journées fastes. Non, rien que des jours néfastes. Mais Arturo a un talent, un talent rare (donc précieux) il sait écrire ; il est l'intellectuel de la famille aux yeux de la mama. Il quitte le foyer familial pour Los Angeles où il parvient à se faire éditer une petite nouvelle. Ça y est c'est la fortune, c'est la célébrité se dit Arturo ; on l'appellera MISTER Bandini et il pourra envoyer des enveloppes bourrées de billets à sa mère, murmurent son égo et ses espérances gonflés à bloc…
John Fante dans un style incroyablement tonique nous livre ce parcours de misère, nous la fait toucher du doigt, une certaine forme de misère, dans la Californie de la fin des années 1930. le jeune auteur peine à se faire connaître en tant qu'auteur et échoue dans un appartement miteux au fond d'un quartier obscur. Il faut faire croire à tout le monde qu'on a de l'argent ou qu'on est en passe d'en avoir, une vraie pluie de dollars car les éditeurs s'arrachent votre toute dernière composition.
Arturo se ment à lui-même, souffre dans ses chairs du décalage qui existe entre ce qu'il sait être son potentiel et la rude réalité, aux personnages insignifiants et rébarbatifs qu'il côtoie.
Chemin faisant, il rencontre une petite serveuse mexicaine, fille de rien, dont il tombe éperdument amoureux.
Lui bâtit des châteaux en Espagne mais elle en aime un autre à s'en rendre folle… Je vous laisse le plaisir de découvrir la fin particulièrement poignante.
Fante sait, avec son style comique, cynique, presque grossier parfois, transcrire ces souffrances, ces déceptions avec toujours ce vague espoir derrière, tout en développant une belle énergie littéraire très communicative.
En guise de conclusion, un bon livre, très pêchu, mais où il m'a manqué un je-ne-sais-quoi pour m'y attacher totalement. Néanmoins, vous aurez compris que ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, bien peu de chose.
Commenter  J’apprécie          1280



Ont apprécié cette critique (108)voir plus




{* *}