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Critique de cedratier


« Il me faut te dire » Arlette Farge (78 pages, Editions du Sonneur)
Au temps du téléphone qui nous décroche partout et tout le temps, des courriels instantanément reçus, des sms immédiatement décryptés, Arlette Farge, historienne spécialiste du XVIIIème siècle, prend tranquillement son stylo, et écrit pour nous une bonne vingtaine de lettres soignées, avec enveloppe, timbre et délais de transmission, ouverture de la boite, décachetage, plaisir de reconnaître l'écriture de son correspondant ; (on se demande d'ailleurs pourquoi l'éditeur n'a pas jugé bon de nous proposer une édition en écriture cursive)… Des lettres écrites en fait pour nous ses lecteurs, les destinataires sont imaginaires, personnages historiques, témoins ressuscités d'un passé lointain à partir de vieilles archives, cinéaste d'aujourd'hui, peut-être certains de ses amis masqués. Parce qu'elle aime « les lettres pour de vrai », tout simplement. L'occasion pour elle de nous livrer sous forme épistolaire quelques pensées sur le monde qui va, de plus en plus mal sans doute, sur le ton de la confidence. A partir de ces échanges sur des films, sur un tableau, sur une émission de radio ou une question d'enfant à laquelle elle tente de répondre avec le délai de la réflexion et du facteur, j'ai d'abord été touché par une écriture élégante et fine, poétique et vivante, un beau talent de conteuse. J'ai aussi découvert une femme soucieuse des gens de peu, des sans grades, des « sans dents » comme aurait dit l'autre, qu'elle place au cœur de ses préoccupations d'historienne et de citoyenne. Féministe, sensible, à la fois calme et sereine mais aussi capable de crier ses colères, résistant comme elle peut aux avanies de ce monde qui voit l'extrême-droite bomber le torse, ce qui ne l'empêche pas de manier l'humour, c'est en filigrane un beau portrait de femme d'aujourd'hui. Vraiment, ne pas s'en priver.
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