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Critique de Leolag


Ce petit livre articule la description de la richesse exceptionnelle des archives judiciaires du XVIIIe siècle sur lesquelles travaille l'auteure, des vérités générales quant aux archives, ainsi que quelques intermèdes sur le quotidien des archives : la guerre pour une place, l'égarement du départ, l'insupportable tic du voisin…

Arlette Farge exprime l'émotion de retrouver dans les archives les voix si particulières de personnages oubliés de l'histoire : « une solitude où grouillent tant d'êtres vivants ». « Entre passion et raison », l'émotion issue de l'imprégnation des archives peut être difficile à articuler avec une analyse distante et « froide ». « Inévitable, confortable et dangereuse » l'identification est tout cela à la fois.

La spécificité des archives judiciaires fait tirer plusieurs fils à l'historienne, de l'histoire des femmes à l'analyse du discours face au pouvoir, en passant par l'importance des rumeurs.

Des remarques plus générales se joignent à ce travail : quelle distance critique aux archives est nécessaire, comment utiliser la citation à bon escient, peut-on décemment donner vie à « ses » personnages à la manière d'un roman…
« A de rares exceptions près, le document, le texte ou l'archive ne sont pas la preuve définitive d'une vérité quelconque, mais butte témoin incontournable dont le sens est à bâtir ensuite par des questionnements spécifiques » (p.121). Car « on peut faire dire à l'archive, tout et le contraire » : aussi est-il nécessaire de clarifier les procédés d'interrogation de l'archive.
« Elles parlent du réel sans justement le décrire » D'où la question de la contextualisation et du rôle des représentations, celles de l'époque mais aussi les siennes (exemple de la guerre de Vendée). « Les faits ne sont rien s'ils ne sont pas réinsérés dans les représentations qu'on a d'eux. »

Plusieurs belles formules, une accentuation forcément partielle sur les archives judiciaires mais par ce biais, une vulgarisation pertinente d'une historienne sur son coeur de métier, ainsi que la distillation de quelques réflexions générales toujours bonnes à relire pour l'apprenti-chercheur.
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