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Critique de colka


colka
30 décembre 2018
J'aime qu'un(e) auteur(e) me sorte de ma zone de confort et me prenne par la main pour me faire entrer dans un univers qui ne m'est pas familier. C'est ce qui s'est produit avec ce recueil de nouvelles de Mélanie Fazi : le jardin des silences. Difficile de classer cette auteure dans un genre. Bien sûr, elle puise dans le vieux fonds de contes et légendes que l'on connaît : marâtres, dragons, animaux fantastiques côtoient un vilain monstre, l'Avatar, qui n'est pas sans rappeler le Minotaure. Viennent aussi s'ajouter d'autres thématiques plus proches de la S.F ou du fantastique : mondes parallèles, robots humanoïdes, esprits, fantômes...
Mais son talent est justement de revisiter et de s'approprier ces thématiques dans une alchimie très réussie et de livrer à notre appétit de lectrice ou lecteur de bien étranges nouvelles souvent très noires.
Un des fils conducteurs est que, presque dans toutes, nous sommes en face d'une héroïne ou d'un héros hors normes qui se trouve confronté(e) à un don/malédiction qui le stigmatise ou qui se retourne contre elle ou lui. C'est le cas dans l'Eté dans la vallée, le dragon caché ou Trois Renards. Celle ou celui qui se voit attribué(e) un double, sosie ou reflet, n'est pas mieux loti(e). Dans les deux cas c'est la mort pour l'un des deux. Dans Née dans le givre, la narratrice va être vampirisée par son reflet alors que dans Miroir de porcelaine, c'est elle qui va tuer le sosie qu'elle avait créé.
C'est donc bien dans un univers noir de chez noir que l'auteure nous entraîne et dans tous ses récits le côté ombre de l'être humain fait irruption dans les situations dangereuses et/ou transgressives. Qu'il s'agisse de la jalousie, du désir de vengeance ou de l'envie de tuer, sa plume rageuse donne à ces sentiments extrêmes, une grande force dévastatrice. Elle sait aussi montrer toute leur ambivalence et leur complexité lorsqu'elle évoque par exemple, le couple infernal peur/colère, qui dans certaines situations est le seul qui permette à son personnage de continuer à vivre. C'est le cas dans Trois Renards ou le jardin des silences.Cette plume incandescente sait aussi se faire allusive, légère lorsqu'elle évoque des thématiques lourdes comme le pédophilie, les violences sexuelles ou conjugales. Mais en définitive tout n'est pas si noir que cela dans ces nouvelles. C'est en tout cas ce que je me suis dit à la fin de la lecture du Jardin des silences ou Trois Renards. Dans les deux récits nous sommes face à deux héroïnes qui vont faire preuve d'une formidable capacité de résilience et renaître de leurs cendres, douloureusement mais sûrement.
Pas vraiment une lecture de Noël me direz-vous ? Eh bien si. Deux merveilleuses nouvelles : l'Arbre et les corneilles et Un bal d'hiver m'ont fait entrer dans le monde magique des contes de Noël. Dans la première, il est question de corneilles qui vont jouer les fées marraines et dans la deuxième, d'une "danse avec les fantômes" ceux des morts liés aux personnages de l'histoire. Je ne vous en dis pas plus et vous laisse au plaisir de lire ce recueil.
Pour ma part, je remercie Kuroineko dont le billet m'a donné envie de lire ces nouvelles.

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