AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Sharon


Merci à Babelio et aux édition le cherche-Midi pour ce partenariat.
Question piège pour commencer  : si Margaret Sanger avait été un homme, se serait-il intéressé à ce combat ? Je ne parle pas d'un médecin, d'un infirmier (encore que, je ne pense pas que la profession ait été vraiment masculine à cette époque) mais d'un homme issu d'une famille nombreuse, pauvre, qui aurait certainement dû travailler très jeune pour aider sa famille ? Sans doute pas. La contraception, même si on n'en parlait pas, même si on ne la nommait pas, restait une affaire de femmes, quand, éventuellement, il était envisagé de ne pas, de ne plus avoir d'enfants. Oui, il était des médecins qui déjà, à l'époque, prévenaient qu'une nouvelle grossesse, un nouvel accouchement, mettait la femme en danger de morts, mais concrètement, que faisaient-ils pour prévenir ce risque ?
Margaret, elle, a vu avec ses frères, ses soeurs, sa mère mourir quasiment d'épuisement - les enfants, une fois nés, il faut bien s'en occuper, les nourrir, les vêtir, les soigner. Margaret veut changer les choses, elle veut que les femmes puissent choisir quand devenir mère, combien de fois elles deviendront mères, et elle ne cessera de mener ce combat.
Maintenant, une nouvelle question piège : si Margaret avait été un homme, lui aurait-on reprocher la vie qu'elle a menée ? La réponse est non, j'en suis sûre : un homme peut laisser femme et enfants pour vivre ses passions (le sport, notamment), personne ou presque ne le lui reprochera, et madame restera à la maison pour prendre soin du foyer et de leur progéniture. Mais quand c'est le contraire, alors là, tollé général - ou presque.
Terrible vertu est, j'en ai l'impression, un livre qui fait parler autant si ce n'est plus pour la personne dont elle raconte la vie, pour ses choix de vie, si bien que l'on en oublie que c'est avant tout un objet littéraire, qui choisit de raconter la vie de Margaret de manière non linéaire, marquant une ellipse sur l'un des événements les plus importants de sa vie d'adulte - événement que le lecteur peut comprendre, cependant. Margaret nous est racontée par elle-même, bien sûr, mais aussi par les hommes qui l'ont aimés, par ses fils, ses amies, sa soeur, en contrepoint avec son propre ressenti. Rien n'est caché de la dureté de son combat, dans lequel elle n'a pas été seule - sa soeur Ethel a aussi payé le prix fort. Rien n'est caché non plus de certains choix, sujets à caution, comme tous choix qui entraînent des conséquences sur les autres.
Et si le rêve de Margaret, au fond, avait été de transmettre ce qu'elle n'avait pas eu, ce qu'elle avait crée ? Bien sûr, nous sommes dans un roman, mais la transmission, de génération en génération, de son prénom à ses descendantes n'est sans doute pas un hasard. Combattre pour les femmes avec les femmes - même si des femmes s'y opposent, la misogynie n'est pas l'apanage des hommes.
A mon avis, un livre qui divisera autant que la figure qu'il met en scène.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}