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Critique de sylviedoc


Deux jeunes femmes, l'une syrienne qui fuit la guerre avec sa fille de 9 ans désespérément mutique, l'autre en errance en Italie après avoir perdu son emploi dans une osteria à cause d'un patron indélicat. Un chat obstiné, un livre de recettes écrit par de multiples cuisinier(e)s, une cocotte, une cuillère en bois sculpté, une Fiat hors d'âge qui va nous emmener jusqu'en Ombrie, au pays de Saint François d'Assise, celui qui parlait aux animaux. Voici quelques-uns des ingrédients de ce roman où les saveurs orientales vont croiser les petits artichauts italiens, où les herbes aromatiques méditerranéennes vont emporter nos sens et accompagner les voyages bien différents d'Acia l'italienne et de Kamar la syrienne.

C'est avec Kamar que commence la longue route qui va nous mener d'Alep à Izmir, puis en Italie. Une route jalonnée de terreur, terreur sous les bombes qui lui ont pris son mari tant aimé, terreur dans ce frêle canot gonflable censé les amener en Grèce, mais qui n'y parviendra jamais, terreur des garde-côtes, sauveurs ou ennemis ? Puis terreur des camps où il ne faut jamais se déplacer seule, tant de prédateurs y rôdent...
Pendant ce temps, Acia poursuit elle aussi son chemin, elle qui voudrait tant se fixer quelque part et exercer ses talents de cuisinière paisiblement. Mais hélas, la vie n'a pas été tendre avec elle non plus, même si son histoire n'est de loin pas aussi tragique que celle de Kamar. le livre de recettes abandonné sur un banc qu'elle a récupéré a décidé de son itinéraire : elle ira à Palazzo, retrouver le dernier contributeur de ce mystérieux ouvrage. Et le Chat a décidé de l'accompagner, et on ne contredit pas un chat, toute personne partageant sa vie avec un de ces êtres le sait bien.

Je ne vous dévoilerai pas le reste de l'histoire, sachez juste qu'une troisième femme, surnommée Nebbe, et pas franchement amicale de prime abord, va jouer un rôle primordial dans la destinée de nos héroïnes. D'hommes il ne sera pas souvent question, mais l'Italie réserve parfois de belles rencontres !

L'écriture est primordiale dans ce roman, elle fait appel à tous nos sens et nous immerge complètement dans le vécu d'Acia et de Kamar. Je suis très sensible à cette poésie dans les évocations culinaires, certains d'entre vous l'ont peut-être déjà remarqué dans de précédentes critiques. Et ici, c'est bien souvent des souvenirs de recettes concoctées avec amour en famille qui fait "tenir" dans les moments difficiles. Il n'y a qu'à voir ce que chacune de ces femmes va emporter dans son périple : pour Kamar, une cuillère en bois sculptée héritée d'une lointaine ancêtre et donnée par sa tante. Pour Acia la cocotte en fonte de sa grand-mère qui l'a accompagnée dans toutes les épreuves. Hautement symbolique !
Les chapitres sont courts, donnant la parole à Kamar et Acia tour à tour. le rythme est soutenu, pas de temps mort. Pas de larmoiement non plus, même dans les épreuves les plus tragiques, Kamar n'a qu'une idée en tête : sauver sa fille Hana à tout prix, pas le temps de s'apitoyer sur son sort. Acia connaît des moments de découragement, mais elle aussi avance sur la route comme dans sa vie, opiniâtrement.

Je n'ai pas réussi à m'attacher complètement à ces femmes, il m'a manqué un petit zeste de quelque chose, peut-être parce qu'elles sont tellement isolées des autres pendant une bonne partie du récit, sans interaction autre qu'avec Hana pour Kamar, avec le chat pour Acia. Ce qui explique l'étoile manquante, pour ce livre qui aurait pu être plus approfondi, plus marquant, comme par exemple "L'apiculteur d'Alep" l'avait été pour moi.

Une belle découverte cependant, dont je remercie Babelio et La Belle Etoile.
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