AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de milamirage


« Le vide est plein de possibles. » et de cela Maître Kuro est convaincu… Alors, il a scrupuleusement organisé son existence en la vouant à son art, la calligraphie. Chaque jour, de l'aube au crépuscule, il recouvre d'encre noire ses rouleaux de papier de riz, agenouillé, dans un recueillement proche de la plénitude, ne s'interrompant que pour des séances de méditation et se sustenter un peu.
« le vide est plein de possibles. »... alors, sa seule immersion dans la civilisation, c'est quand il se rend à pieds à trois heures de chez lui pour se réapprovisionner chez son marchand de couleurs. Il part aux premières lueurs de l'aube, lorsque le jour n'est encore qu'un voile imperceptible, une promesse à venir… et ne traîne pas sur le chemin du retour, tout à la hâte d'essayer ses nouveaux trésors…
Maître Kuro vit seul dans une modeste demeure isolée au cœur d'une forêt d'érables. S'il ne reçoit jamais de visiteurs, il dispense son enseignement à des élèves passionnés par l'art de l'écriture qui lui semblent prometteurs. Lorsqu'ils viennent de contrées lointaines, il les héberge le temps de leur formation, les astreignant à son rythme de vie.
« Mais l'équilibre de toute une vie peut à tout moment être balayé par l'imprévu. Un imprévu aussi fragile et insignifiant que l'arrivée d'une enveloppe. » Une enveloppe rouge, ne contenant qu'une calligraphie, mais quelle calligraphie. L’œil exercé de Maître Kuro y retrouve les qualités qui lui semblent primordiales : la force, l'assurance et la grâce mais assorties de la fraîcheur et du charme ineffables de la jeunesse…
Et c'est ainsi que Yuna va devenir son élève… sans qu'il sache encore qu'il vient de rencontrer celle qui va ouvrir la porte de sa vie étriquée, muselée par un vœu pieux, une promesse d'amour éternel, à de nouveaux possibles… au fil des jours de labeurs qu'ils vont vivre côte à côte, chacun à une extrémité du lien initial qui les unit, leur art.
Maxence Fermine nous invite à un voyage envoûtant et à la poésie aérienne au cœur du Japon ancestral. Son écriture, d'une douceur infinie, nous fait pénétrer sur la pointe des pieds dans le quotidien ouaté de Maître Kuro, nous permet d'être le témoin silencieux de son minutieux labeur de calligraphe, faisant naître sous nos yeux ébahis ces lettres magiques et harmonieuses qui font notre admiration tout en nous dépaysant complètement. On voit Yuna entrer dans sa vie, à pas feutrés, attentive à son enseignement et sensible à ses qualités d'homme. Et c'est comme dans le murmure du battement d'ailes d'un papillon bleu que leur complicité va se muer sous nos yeux en un amour pudique empli de désir… alors, dans le plus grand silence, on sort de la pagode, laissant Yuna faire découvrir à son maître que « la plus belle des calligraphies est celle que l'on écrit à l'encre de ses doigts, tel un tatouage sensuel et éphémère, sur la peau de l'être aimé. »
Public : roman pour adulte

Commenter  J’apprécie          242



Ont apprécié cette critique (21)voir plus




{* *}