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Critique de Ode


Ode
10 février 2013
Qui a vécu à Limoges, sait que la ville repose sur un gruyère qui a plus de trous que de fromage. le secret de ce prodige réside en trois lettres : le tuf, une roche à la fois solide et facile à creuser. Caves, réservoirs d'eau et galeries en tout genre : dès l'époque gallo-romaine, puis surtout au Moyen Âge, un formidable réseau souterrain s'est constitué, alimentant par la suite de nombreuses légendes. Parmi les ouvrages qui ont résisté aux effondrements, à la construction de parkings et d'immeubles, ou tout simplement à l'oubli, très peu sont accessibles au public.

"Limoges Souterrain, Mythes des profondeurs" nous ouvre en images la porte de ces cavités méconnues et en majorité désaffectées. Avec environ 80 pages de photos suivies de 20 pages de texte, le livre offre les proportions idéales pour captiver le lecteur sans l'ennuyer. Les superbes photos de Matthieu Bussereau sont mises en valeur par un entourage gris ou taupe et quelques citations. Certaines vues sont étonnantes, comme les stalactites au plafond du tunnel du Puy-Imbert ; imposantes, comme la machinerie de l'aquarium du Limousin dans l'ancien réservoir d'eau sous la place Haute-Vienne ; voire fascinantes, comme la multitude de crânes empilés méthodiquement dans l'ossuaire de l'église Saint-Pierre du Queyroix…

Concise et didactique, la rubrique "Découvrir" écrite par Germaine Auzeméry-Clouteau, du Service Ville d'art et d'histoire, fournit d'excellentes explications techniques et historiques. On y apprend notamment l'origine des constructions souterraines destinées à un usage public, privé ou religieux. Les aqueducs gallo-romains acheminaient l'eau en centre ville, où d'immenses réservoirs permettaient de la stocker. Les caves et surtout les basses-caves, plus vastes et plus profondes, permettaient de conserver de la nourriture ou d'entreposer des marchandises, reliant parfois les habitations entre elles. Des abris ont servi à protéger la population depuis la guerre de Cent Ans jusqu'au XXe siècle. Des tunnels ont été construits pour le développement de voies ferroviaires. Enfin, de nombreuses cryptes accueillirent reliques et sépultures.

Dans le chapitre "Lire", Jean-Marc Ferrer, historien des arts décoratifs, retrace les mythes et légendes liés aux souterrains de Limoges dans la littérature, des romans gothiques du XIXe siècle à nos jours. Entre le temple sphérique attribué aux Gaulois pour des sacrifices humains, et les mystérieux tombeaux dissimulés dans la crypte de l'abbaye Saint-Martial, les souterrains ont embrasé l'imagination des écrivains, pour faire frissonner leurs lecteurs.

Et si la découverte de cet extraordinaire patrimoine vous tente, la page "Visiter" précise que pendant les vacances, l'Office de tourisme de Limoges organise une visite quotidienne des souterrains de l'ancienne abbaye bénédictine de la Règle, au pied de la cathédrale Saint-Étienne.

Un grand merci à Babelio et aux Ardents Editeurs pour avoir satisfait ma curiosité et, je l'espère, éveillé la vôtre. Je vous quitte pour aller vérifier les piles de ma lampe de poche...
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