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Critique de Icidore


Je crois que pour aimer ce livre, il faut aimer se triturer les méninges !
Ici l'histoire n'est qu'un support pour servir le discours sur la passion que peut engendrer la littérature, mais pas que...
Il ne faut pas s'attendre à une intrigue forte sous peine d'être rapidement déçu. L'intérêt est ailleurs et croyez-moi, il y en a !

"Le soldeur" n'est pas destiné seulement aux passionnés de littérature car le livre est traité comme le reflet du monde, des Hommes et de leurs relations dans notre société. Dans cette histoire, le livre est en quelque sorte l'arbre qui cache la forêt. le narrateur parle du livre car c'est sa zone de confort, mais de son rapport aux livres, de ses goûts littéraires, de sa façon de ranger les livres découle toute sa personnalité. Lorsqu'il dépeint ses lectures, il dépeint son caractère et au delà de lui, par recoupement, le nôtre ou celui de notre voisin.

Il y a dans ce livre énormément d'émotion et d'amour. L'émotion est contenue, elle m'a plu car il fallait sans cesse imaginer le ressenti réel du narrateur. Il va parler de tel livre qu'il a aimé lire, qui a acquis une valeur affective, dont il peine à se séparer, puis il le liquide sans effusion. Ce flou artistique, ce décalage entre un objet auquel on tient et celui qu'on jette laisse une grande liberté d'interprétation au lecteur, j'ai trouvé cela agréable.
Quant à l'amour, c'est un amour peu commun à traiter que celui du livre. L'auteur choisit d'en parler comme d'une curiosité à deux faces. Il y a le livre face A, l'objet qu'on expose dans une bibliothèque et le livre face B dont on s'empare, dont on tourne les pages et qui nous nourrit. Que faut-il privilégier ? Les yeux ou l'esprit ? le plaisir des yeux n'est pas grand chose finalement car si les livres s'entassent, ils encombrent, alors qu'ils pourraient servir à d'autres.

Finalement, l'auteur soulève beaucoup de questions. S'ensuit un raisonnement quasi philosophique sur la représentation du livre : est-il synonyme de partage ou est-ce un plaisir strictement égoïste ? C'est très intéressant de suivre la lecture sous cet angle.

Le bémol que j'émets toutefois, c'est la longue liste des ouvrages en fonction de leur édition, la couleur de leur couverture. Les plus érudits s'en sortent, les lecteurs comme moi ont tendance à s'y perdre. J'aime lire, mais je ne lis apparemment pas suffisamment pour tirer une quelconque satisfaction quand on m'évoque l'esthétique d'une édition en particulier.
C'est le seul inconvénient du Soldeur: plus on est en phase avec les goûts de l'auteur, plus on tire plaisir à se balader dans sa bibliothèque.
D'un autre côté, l'incroyable talent de l'auteur, c'est de réussir à nous embarquer même quand on n'est pas en phase avec ses lectures.
C'est un livre dans lequel il faut se plonger sans a priori pour en saisir toutes les subtilités et surtout ne porter aucune attention particulière à l'histoire entre le narrateur et l'inconnue en elle-même car elle n'est qu'un fil conducteur.
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