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Critique de Runi


Nic Fields nous emmène dans cette petite monographie à la découverte du mur d'Hadrien, à la limite entre l'Empire romain et le territoire des Pictes.
Cette fortification a beau être probablement moins impressionnante que la Grande muraille de Chine, les chiffres relatifs à la quantité de matériaux déplacés pour la construire ont tout de même de quoi donner le tournis: 400 tonnes de pierre par tranche de 14m, soit 3,7 millions de tonnes en tout, une consommation en eau (pour fabriquer le mortier) de plus de 3500 litres par jour...Quand je pense que je me fais mal au dos en déplaçant une seule pierre d'une quinzaine de kilos, je ne peux m'empêcher de ressentir comme un sentiment d'admiration mêlé de pitié à l'encontre de ceux qui ont trimballer toute cette pierraille.

Le livre essaye d'aborder tous les domaines liés au mur, on trouvera donc des chapitres décrivant le mur, sa construction, sa fonction et les raisons de son existence, ainsi que sur la vie de garnison sur cette frontière septentrionale si éloignée de Rome.
Le choix d'un champ d'étude aussi vaste a néanmoins imposé quelques sacrifices, et si les différents sujets sont en général assez bien traités, on ne trouvera pas vraiment dans ce livre d'analyse en profondeur des implications tactiques et stratégiques de genre de fortification.

Au niveau des défauts de forme, j'ai trouvé assez pénible le mélange permanent entre différentes unités de mesure: les passages techniques sont trop souvent caractérisés par un méli-mélo de mesures métriques, impériales et romaines.
En ce qui concerne le fond, certains arguments, notamment sur ce qui touche à la fonction du mur, sont également un petit peu léger: Nic Fields considère par exemple que le mur n'a pas vraiment de rôle défensif, en s'appuyant en particulier sur la faible largeur du mur. le souci est que cet argument peut être contesté assez facilement: les Pictes n'ont pas d'armes de siège et le risque principal provient donc des assauts par échellade, or les Romains sont en très forte infériorité numérique avec plus ou moins une vingtaine de légionnaires au kilomètre; dans ces conditions un chemin de ronde étroit est un avantage puisqu'il permet à un ou deux légionnaires de bloquer complétement le passage, retirant à l'adversaire son avantage numérique.
Je ne prétends pas que l'explication que je viens de faire soit juste, mais cela met en lumière le fait que l'auteur est parfois davantage dans le domaine de l'opinion que dans celui de la démonstration.

Il s'agit toutefois dans l'ensemble d'une petite monographie de bonne qualité, qui ne saurait toutefois évidemment pas prétendre à l'exhaustivité d'une monographie scientifique (et n'y prétend de toute façon pas). C'est d'ailleurs ce qui fera son intérêt pour ceux qui cherchent une présentation assez fouillée et ayant des bases scientifiques, sans aller pour autant jusqu'au niveau de détail d'une étude universitaire.

À noter que l'ouvrage fait appel à une certaine quantité de vocabulaire technique lié au domaine de la construction, ce qui pourrait poser quelques difficultés même à ceux parlant bien anglais. Prévoir un bon dictionnaire pourrait s'avérer utile.
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