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Critique de kielosa



Si Lénine reste l'incarnation de la révolution russe, Véra Figner demeure sûrement la personnification de l'opposition au pouvoir absolu des tsars russes et de l'arbitraire de ce régime.

Véra Figner est née en 1852 à Kazan, la capitale du Tatarstan, dans une famille des classes moyennes relativement fortunée. Elle était l'aînée d'une fratrie de 8 et 2 de ses soeurs, Evgényia et Lidja, partageaient les mêmes convictions sociales. Son frère Nikolay, en revanche, était un ténor populaire et le mari et partenaire de la soprano d'origine italienne, Medea Mei-Figner.
Véra était persuadée qu'elle aurait un accès plus facile aux couches sociales défavorisées en devenant médecin.

À 20 ans, elle se trouve à Zurich, en Suisse, inscrite à la faculté de médecine. Et son engagement politique commence avec son adhésion au "Cercle Fristche". Ce cercle regroupait des jeunes femmes, comme sa soeur Lidja et Sophia Bardina (1853-1883), qui voulaient participer aux activités socio-politiques, mais estimaient qu'une période d'études préalable était indispensables pour faire le poids face aux hommes révolutionnaires.

1879 fût une année charnière pour Véra devenue un membre actif de l'organisation "Narodnaïa Volia" (= Volonté du Peuple), qui prônait l'action terroriste et à ce titre impliquée dans le planning de l'assassinat du tsar Alexandre II, le 13 mars 1881.Assassinat qui fut conduit par une autre jeune révolutionnaire, Sofia Perovskaïa, qui fut aussi la première femme à être pendue pour des motifs politiques, ce que sa mère, des années plus tard, fit noter sur une pierre près de sa tombe. Sofia avait 28 ans au moment de sa pendaison.

Véra avait 31 ans, lorsque après quelques années d'activités révolutionnaires à Odessa, elle fut arrêtée à Kharkov, en l'actuel Ukraine. Et à 32 ans elle écopa d'une condamnation à mort. Une peine commuée en prison à vie.
Vingt ans elle a passé dans l'horrible prison de Schlusselbourg, près de Saint-Pétersbourg et du lac Ladoga. Une des pires prisons de l'Empire russe, où le fameux anarchiste Bakounine a transité et où le frère de Lénine, Alexandre Oulianov, fut pendu à l'âge de justes 21 ans, en mai 1887. Ces 20 années de taule (1884-1904) dans des conditions absolument lamentables lui ont ruiné sa santé.

Pendant 1904 et le début de l'année suivante, Véra Figner, fut transportée à travers l'Empire par la police tsariste comme un paquet postal : d'abord déportée de Saint-Pétersbourg à Arkhangelsk, et ensuite à Kazan et Nijni Novgorod. À la révolution de 1905, elle fut enfin libérée et l'année après, malgré sa santé problématique et son âge (54 ans) en route pour l'Europe occidentale afin d'y répandre la bonne parole et de condamner le régime tsariste.

Véra Figner a été et est encore, grâce à son énorme courage et son engagement ininterrompu pour les pauvres et laissés-pour-compte, une véritable icône de la lutte contre l'autocratie et l'arbitraire. C'est ainsi que Lénine l'a toujours entouré avec le plus grand respect et que même l'abominable Staline, au moment des Grandes Purges dans la seconde moitié des années 1930, n'a pas osé ou pas voulu s'en prendre à cette grande dame.

C'est après la Révolution d'Octobre 1917 que Véra a écrit ses "Mémoires d'une révolutionnaire", dont le 1er tome parut en 1921. Cet important ouvrage fut traduit du Russe par le célèbre Victor Serge, né à Bruxelles en 1890 de parents russes sous le nom de Viktor Kibaltchitch et mort au Mexique en 1947. Auteur de ses propres "Mémoires d'un révolutionnaire 1901-1940" et de plusieurs autres ouvrages, dont je tiens à mentionner "L'affaire Toulaév" de 1948, qui m'a bien plu.

Jusqu'à la fin, l'auteure a continué à stimuler des activités socio-culturelles dans la Ville de sa naissance.
Véra Figner est décédée en juin 1942, à l'âge de 89 ans.

L'introduction de ces mémoires a été assurée par l'historien et directeur de recherche au CNRS, Philippe Artières, qui, en 17 pages, présente de façon exemplaire la personne et la place dans l'histoire de Véra Figner. Il est évident que ses mémoires couvrent toute une série d'événements, dans lesquels elle ne fut pas directement impliquée.

Dans une lettre à sa fille aînée, Jenny Longuet, Karl Marx écrivit que les accusés de 1881 étaient des "gens simples, sérieux, efficaces et... des héros".
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