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Critique de DreamBookeuse


Les mensonges de l'oubli est la suite directe de Mémoire interdite que j'avais chroniqué en avril 2021. Plus petit, mais aussi plus dense, ce second volume vient compléter l'univers imaginé par Anouk Filippini mais surtout la suite des aventures de Sophia avec des interrogations peut-être plus profondes mais toujours en droite ligne de ce qu'elle avait développé auparavant. Quelques spoils sont à prévoir mais rien de bien méchant, promis.

Mon avis

Il y a peu, je vous parlais de la dystopie d'Isabelle Bauthian que j'avais trouvé originale mais qui reprenait pourtant quelques thèmes plus classiques. Avec Mémoire 2105 c'est exactement ce que fait Anouk Filippini : reprendre les axes chères à la dystopie telle qu'on la connaît (un large écart entre deux parts de la population, une forme d'injustice profonde qui gangrène la société) mais y apporter une touche personnelle, originale, et dans ce cas-ci très artistique et scientifique. En effet, Sophia est une des dernières à avoir participé au Slamb de l'Etoile, une sorte de concours artistique où les différentes concurrents doivent dessiner des images mentales de leur cerveau à l'aide d'émotion, de souvenirs, en bref, à l'aide de leur mémoire.

Seulement, comme nous l'apprend le premier volume, Sophia a quelque chose dans la tête de capitale, dangereux, à même de bousculer l'ordre établi. Enfin c'est ce qu'elle croyait. Puisque depuis qu'elle partage son savoir à travers des vidéos cryptées, il ne semble pas y avoir de changements dans le monde à part que Swann a disparu, qu'elle se sent perdue et vulnérable, qu'elle est en proie aux cauchemars et qu'elle doit bien entendu fuir, comme tout opposant politique ou scientifique. Heureusement la communauté Vulnérable est pleine de ressources et elle peut toujours compter sur ses amies de toujours qui la protègent et la hissent sur leurs épaules. Seulement voilà, tout se passe dans son cerveau. Ses visions des jeunes qui se suicident du haut des immeubles, ses visions de Mina, personne ne peut les accueillir ou les combattre à sa place.

Afin de lire celui-ci, j'ai relu avec beaucoup de bonheur le premier volume et je peux vous dire que le personnage de Sophia a une transformation vraiment spectaculaire. Elle passe de suiveuse à meneuse, de celle qui se laisse porter à celle qui prend les choses en main et ça fait du bien, on a d'autant plus envie de la suivre dans ses aventures. Et quelles aventures ! le premier volume semblait également plus manichéen alors que celui-ci l'est moins. On comprend que les résistants, malgré leur volonté de bien faire, pourraient plonger le monde dans le chaos en y prenant pas garde en tentant de donner la vie éternelle à tout le monde. Certains parmi eux pourraient même s'avérer dangereux, et on sent que l'autrice tente aussi d'avertir son lecteur sur les possibles dérives et organisations sectaires. Elle l'invite doucement, mais sûrement, à s'interroger sur ce qui l'entoure et sur les paroles énoncées.

J'ai beaucoup aimé aussi que nous sortions de notre petit groupe pour aller voir ailleurs, dans les résistants bien sûr mais aussi dans les villes, les universités, à la rencontre d'autres membres mais aussi d'autres visions, passés, mémoires. L'antagoniste, bien qu'il reste cruel, est d'ailleurs assez intéressant à lire et à comprendre. Avec beaucoup de brio et d'élégance, Anouk Filippini, nous entraîne dans la suite et fin de cette aventure. Parlons-en de la fin d'ailleurs, sans trop en dévoiler bien sûr. Je m'attendais à quelque chose de dramatique, tout nous l'annonçait ! Quelque chose de triste, d'horrible, un drame. Je m'attendais à pleurer j'avoue. Et puis finalement, la fin est parfaite telle qu'elle est.

On retrouve évidemment la plume de l'autrice qui m'avait tant plu et qui jamais ne bascule dans la simplicité pour complaire, sans pour autant se faire trop ardu pour ne pas déplaire. Il y a quelques fulgurances poétiques aussi et une facilité déconcertante à nous faire passer d'une époque à une autre sans que cela ne freine le rythme de lecture.

En résumé

Mémoire 2105 est une duologie dystopique de grande envergure où il est autant question des tracas de l'adolescence que de grands questionnements sur l'écologie, la résistance, la mémoire, le passé, etc. Il y a une véritable envie d'interroger la question de justice mais aussi d'amener le lecteur à réfléchir sur le souvenir, ce que notre passé fait de nous, ce que nous voulons pour notre futur. Au delà de cela, c'est une duologie forte, puissante, avec un personnage principal qui évolue à mesure de ses aventures et à qui on s'attache facilement. Enfin, Anouk Filippini n'oublie pas non plus la petite touche de poésie et d'art qui manque souvent à ce genre de romans, pour produire un texte aussi beau et sensible que possible. Une petite perle en littérature adolescente, originale et passionnante.
Lien : https://lesdreamdreamdunebou..
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