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Critique de Cancie


Cancie
28 septembre 2021
Si j'avais beaucoup apprécié Tenir jusqu'à l'aube de Carole Fives, primé d'ailleurs à plusieurs reprises, j'ai moins accroché à Térébenthine, le dernier roman de cette auteure.
Divisé en quatre parties, les trois premières relatant chacune, une des trois années d'étude aux Beaux-Arts de Lille pour de jeunes étudiants, et la dernière intitulée l'après-Beaux-Arts, qui, comme son nom l'indique conte ce qu'ils sont devenus.
Lucie, Luc et la narratrice sont les trois étudiants, ils sont dévorés par l'envie de peindre, mais en ce début des années 2000, il faut vraiment être passionné car la peinture est déclarée morte. Sur la façade du bâtiment est d'ailleurs inscrit à la bombe « Peinture et ripolin interdits » et « les étages ont été rénovés pour accueillir les ateliers vidéo, son et multimédia ». « les ateliers de peinture pour les derniers résistants , ont été déplacés aux sous-sols, dans les caves ». Les Térébenthine, ainsi seront surnommés avec mépris ces mordus de peinture par les autres étudiants et pendant leurs trois années d'apprentissage ils devront affronter les humiliations et les profs eux-mêmes sont sans pitié.
Même si l'avenir semble bouché, notre trio fera face et après avoir terminé leur troisième année consacrée au mémoire, ils seront diplômés des Beaux-Arts comme tous les autres, l'écrémage se faisant après.
Térébenthine est une autofiction dans laquelle Carole Fives exprime tout son amour pour la peinture et en même temps tout son ressentiment pour cette période où une génération a été sacrifiée. On ressent sa colère, lorsqu'elle raconte les galères rencontrées par ces jeunes à l'issue de leurs études, se trouvant pour la plupart acculés à choisir d'autres voies pour subsister quand ils ne tombaient pas dans l'alcoolisme ou pire se suicidaient.
Lucie et la narratrice que l'on peut, je pense assimiler à l'auteure, s'étant étonnées auprès de leur professeur, du peu d'artistes femmes citées dans le programme d'histoire de l'art, ont obtenu carte blanche pour en parler. C'est un chapitre avec exemples à l'appui que j'ai trouvé magnifique qui montre encore une fois comment le talent des femmes a été longtemps ignoré et volontairement mis à l'index.
Carole Fives, elle-même diplômée des Beaux-Arts nous offre dans ce récit un portrait quasi historique d'une époque, où une génération de jeunes passionnés par l'art ont été sacrifiés. Si, Carole Fives, tout comme le personnage principal de Térébenthine, a fini par écrire plutôt que peindre, les lecteurs s'en féliciteront car nul doute qu'ils se régaleront et apprendront beaucoup de choses sur la peinture et sur la société, comme j'ai pu le faire.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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