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Critique de mesrives



Reste si tu peux, pars s'il le faut de Helga Flatland propose une immersion dans la vie quotidienne d'un village norvégien éloigné de l'agitation journalière des grandes villes. Ici, peu d'étrangers ou d'inconnus, à la saison hivernale cette petite communauté rurale dépend du conducteur de chasse neige pour retrouver sa liberté de mouvement. Ici, c'est une grande famille, les habitants, pour la plus part des fermiers, les voisins, se connaissent, se fréquentent de génération en génération, partageant des secrets et des non-dits. Un microcosme bien rôdé dont les liens solides permettent de vivre au fil des saisons dans un esprit communautaire et solidaire tout en essayant de lutter contre le dépeuplement du village.

Aussi d'une ferme à l'autre, au fils du temps, joies, bonheurs, peines et malheurs affectent tour à tour les uns et les autres. Mais c'est par le choix de vie d'un groupe d'amis arrivés à l'âge adulte que tout arrive : la révélation de leur engagement militaire en Afghanistan. Une surprise pour les parents et la communauté . Helga Flatland aborde habilement les causes et circonstances de ce choix et nous fait glisser dans la peau de ses personnages par un récit choral. Des éclairages différents qui permettent la compréhension de l'enchaînement des événements.

Si l'ambiance est typiquement norvégienne, (chasse à l'élan, plats traditionnels, ribbe et luttefisk…) les thèmes abordés, eux, sont universels. Ils évoquent les maux d'une jeunesse désorientée vivant dans un milieu fermé dont les rêves ne sont pas faciles à réaliser et sont souvent brisés, la quête de soi malgré le fardeau familial, le poids du passé, et les impératifs économiques et politiques qui contrarient le désir d'émancipation (orientation professionnelle, sexuelle,confirmation religieuse ou civile).

Avec minutie Helga Flatland conte la famille, dit la filiation, la fratrie, évoque la complexité des relations familiales, la transmission, l'éducation, l'incompréhension ou le soutien parental, les difficultés du couple, les passions et les désamours, le deuil et la résilience, la maternité, et surtout le long chemin à mener pour se réaliser, se révéler.

Dans Reste si tu peux, pars s'il le faut, Helga Flatland prend le lecteur en otage, le transformant en témoin silencieux face aux accidents, au choc, au traumatisme qui secouent toute la communauté et la transforment pour quelques temps voire à jamais. Des bouleversements qui ne la laissent pas indemne, altérant les relations. L'occasion pour l'auteure de dresser des portraits intergénérationnels très réalistes d'une grande finesse psychologique en mettant le focus sur plusieurs de ses membres et en donnant la voix à quatre d'entre eux qui tour à tour s'exprime en bokmal, « langue des livres » (norvégien) ou en nynorsk (néo-norvégien) induisant une proximité avec le lecteur. En entrant dans l'intimité de ces familles, Helga Flatland provoque de multiples questionnements.

Des avants et des après, des allers et des retours, rester ici, être là-bas, l'ascenseur émotionnel s'emballe. Un livre riche, dense et au final profond où tout à son importance.
Un titre qui ressemble fort à une citation de Charles Baudelaire “Faut-il partir ? Rester ? Si tu peux rester, reste ; Pars, s'il le faut.” Alors prêt pour le voyage ?

Une belle découverte.
Une lecture déflagration.
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