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Critique de Malivriotheque


Charles Bovary est un jeune de campagne qui devient médecin pour satisfaire ses parents. Une fois installé à son compte et après un premier mariage éclair arrangé avec une veuve, il rencontre la jolie Emma et fait d'elle sa femme après quelques roucoulades oculaires. Mais Emma, qui s'attendait à vivre un amour passionnel comme dans les romans, s'ennuie très vite avec Charles et cherche par tous les moyens à oublier le quotidien, surtout après avoir brièvement goûté au luxe au cours d'une des rares soirées mondaines organisées dans ce coin reculé…

Ah, Emma… C'est un joli prénom : mignon, court, moderne, presque chic, qui a vu sa côte de popularité grimper en flèche en France dès 1999, soit il y a plus de quinze ans, pour ne jamais fléchir depuis. Oui mais quand on a lu Madame Bovary, l'envie d'appeler sa gamine Emma passe aussi vite qu'un gâteau au goût dégueu qu'il faut vite avaler pour pouvoir mieux l'oublier.
Emma Bovary est une personne lambda qui devient dépressive dès lors qu'elle découvre qu'elle ne peut pas vivre dans un monde arrosé par l'argent, qui du coup déprime et finit par détester tout ce qui bouge autour d'elle et se tuer parce qu'elle a voulu tout avoir sans pourtant en avoir les moyens. En gros, elle se suicide parce qu'elle n'a pas un rond. Mais Emma, ma grande, si tout le monde faisait comme toi, crois-moi qu'il n'y aurait pas de problème de surpopulation mondiale !
Car c'est bien l'argent qui la conduit à voir sa vie fade, à dépenser sans compter et bien plus que de raison pour toucher du doigt le normalement inatteignable, à détester son mari, à le tromper et à crever en se shootant à l'arsenic. C'est bien l'argent qui mène la danse dans ce livre, qui est bien à l'origine du destin d'Emma. Mais si Flaubert tente de démontrer où l'avarice peut mener (franchement Gugus, n'y vas-tu pas un peu fo-fort ?), il le fait via une histoire d'adultère et de dépression extrêmement lente et assommante de banalité. Il est quasi impossible d'apprécier Emma, ses caprices, ses hésitations, ses tergiversations, ses oui puis ses non, son être tout entier ! Comment alors apprécier le livre ?
L'auteur fait preuve d'un français exemplaire qui manque cruellement par les temps qui courent, mais son récit ne dégage pas de vraie passion littéraire. Il paraît même très plat à côté d'autres classiques français de renom. L'intrigue est méchamment banale et n'arrive pas à éveiller le moindre intérêt. Pas un seul évènement n'est cousu de fil blanc, et Emma passe son temps à aller et venir entre tel ou tel sentiment, eux-mêmes très communs. Il manque du lyrisme à cette histoire, une sorte de vraie réflexion aussi, le « profond » n'étant pas vraiment au rendez-vous. D'ailleurs, le sous-titre « Moeurs de province » sous-entend une généralité à dénoncer, comme si les braves gens de la campagne avaient tous le même profil que le couple Bovary, qu'ils cherchaient tous à vivre comme les riches de la ville. Finalement, les vraies moeurs un tant soit peu intéressantes viennent des personnages totalement annexes qui ragotent et jugent à la première occasion. Voilà une image et critique de la campagne plus parlante que cette éternelle insatisfaite d'Emma !
L'essentiel du roman se trouve alors là, mais n'est développé qu'en faible proportion tandis que le lecteur est servi d'un destin dont il se fiche royalement puisque personne n'aime les petites pimbêches. Je n'ai pas parlé des bien trop nombreuses descriptions et digressions, c'en aurait été une en elle-même… Enfin bref, Madame Bovary c'est tout ça. Tout sauf le grand récit escompté.
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